Selon Tim Keller, les aspirants au mariage recherchaient moins « l’âme soeur idéale » autrefois. Désormais, ils attendent quelqu’un qui les acceptera tel qu’ils sont, mais qui répondra également à chacun de leurs désirs et critères.
Dans une amusante enquête publiée en 1995 sur le New York Times, le journaliste John Tierney essayait déjà de répondre à la question de beaucoup de New-Yorkais, « Pourquoi je rentre chez moi, seul ce soir ? ». En effet, à New-York et principalement à Manhattan où il a mené l’enquête, de nombreuses personnes réunissent intelligence, talent, argent et beauté, et malgré cela, le taux de célibataires y est parmi les plus élevés au monde.
Et pour l’auteur, la raison à cela est la capacité que ces célibataires ont à « détecter instantanément un défaut fatal chez un partenaire potentiel ».
Le journaliste listait d’ailleurs avec humour quelques-unes des raisons invoquées par des prétendants malheureux. Un livre sur une bibliothèque, 3 kilos en trop, des chaussettes inadaptées, des coudes sales !
Ainsi, certains aspirent à rencontrer une reine de beauté, astronaute et romancière, ou un mannequin, philosophe et mathématicien, tout en étant bien entendu, acceptés tels qu’ils sont et de manière inconditionnelle.
Si l’article prêtre à sourire, le sujet demeure triste puisqu’il semble que de plus en plus de célibataires soient frustrés dans leur recherche. Il est vrai que les licornes se font rares...
Le pasteur Tim Keller, qui a une grande expérience de conseil auprès de milliers de couples, raconte que de nombreuses personnes viennent le voir en déclarant que « l’amour ne devrait pas être aussi difficile », mais qu’il « devrait venir naturellement ». Sa réponse est toujours la même.
« Pourquoi croire cela ? Est-ce que quelqu’un qui veut jouer au baseball professionnel peut dire : ‘Cela ne devrait pas être si difficile de frapper une balle rapide’ ? Est-ce que quelqu’un qui voudrait écrire le plus grand roman américain de sa génération dirait : ‘Il ne devrait pas être difficile de créer des personnages crédibles et un récit convaincant’? »
Stanley Hauerwas, professeur d’éthique à l’université de Duke, déclare à son tour.
« Destructrice du mariage est l’éthique d’accomplissement de soi qui suppose que le mariage et la famille sont principalement des institutions d’épanouissement personnel, nécessaires pour que nous devenions ‘entiers’ et heureux [...] L’hypothèse est qu’il y a quelqu’un avec qui nous pouvons nous marier, et que si nous cherchons bien nous allons trouver la bonne personne. Cette hypothèse morale néglige un aspect crucial du mariage. Elle ne comprend pas le fait que nous épousons toujours la mauvaise personne. Nous ne savons jamais avec qui nous nous marions. Même si nous épousons d’abord la bonne personne, il suffit de lui donner un peu de temps pour qu’il ou elle change [...] Le principal défi du mariage consiste à apprendre à aimer et à prendre soin de l’étranger avec lequel vous vous êtes marié. »
La raison pour laquelle le mariage est si douloureux et pourtant merveilleux, est qu’il est le reflet de l’Évangile, douloureux et merveilleux à la fois. L’Évangile est : « Nous sommes plus pécheurs et imparfaits que nous ne le pensions, et en même temps nous sommes plus aimés et acceptés en Jésus-Christ que nous n’avions jamais osé l’espérer ».
C’est sur ce seul type de relation que nous pouvons vraiment bâtir quelque chose.
H.L.