Un rapport publié lundi soir sur les agressions sexuelles au sein de la communauté religieuse des Frères de Saint-Jean souligne le rôle central exercé par son fondateur, le père Marie- Dominique Philippe, figure du catholicisme, et dénonce la "dimension systémique" des agressions.
La famille Saint-Jean compte trois instituts religieux: les Frères de Saint-Jean (422 membres aujourd'hui, fondé en 1975), les Soeurs contemplatives de Saint-Jean (53 membres, fondé en 1982) et les Soeurs apostoliques de Saint-Jean (175 membres, fondé en 1984).
A la suite de la révélation de cas de violences sexuelles - dont certains ont été jugés - au sein des "petits gris" (du nom de l'habit porté par les Frères), la famille Saint-Jean a demandé à une commission pluridisciplinaire de travailler sur l'origine de ces "abus", selon le terme utilisé par la congrégation. La commission a publié lundi soir son rapport de 800 pages, après trois ans de travaux.
Il relate, à partir d'archives et de témoignages, "le rôle central direct et indirect" de son fondateur, le père Marie-Dominique Philippe. Marie-Dominique Philippe (mort en 2006) et son frère Thomas Philippe (mort en 1993) avaient développé des théories mystico-sexuelles délirantes.
"Ce rôle fut direct (...) en raison de ses propres abus et parce qu’il a approuvé des situations d’abus ou fermé les yeux", détaillent les auteurs (historiens, théologiens, etc) du rapport.
"Il a eu un rôle indirect par la formation intellectuelle et spirituelle qu’il donnait, parce qu’elle a favorisé chez un certain nombre de frères et sœurs des relations équivoques, des abus spirituels et sexuels".
Selon eux, "cette place centrale du père Marie-Dominique Philippe (...) est à l’origine de la dimension systémique des abus qui ont eu lieu dans la famille Saint-Jean".
Depuis 1975, année de création de la communauté, "72 frères ont commis des abus sexuels et 167 victimes de frères ont été dénombrés", indique le rapport. "La majorité des faits ont été commis par des frères prêtres dans le cadre d'un accompagnement spirituel de femmes majeures", ajoutent les auteurs du rapport qui précisent que le terme "abus" recouvre "des faits de nature diverse, allant des paroles de sollicitation à des viols".
Le rapport résume :
"La famille Saint-Jean a été contaminée dès son origine par une sorte de +virus+, (...) malfaisant(...), dont l’effet le plus grave est la propagation d’abus sexuels accompagnés de justifications"
La Rédaction avec l'AFP