Depuis un an, le conflit ethno-religieux qui oppose les Meiteis (majorité hindoue) et les Kukis (minorité chrétienne) dans l’Etat du Manipur dans le nord-est de l’Inde a fait plus de 60 000 déplacés et plus de 200 morts. Les chrétiens des deux groupes ethniques sont devenus des "cibles" pour la majorité hindoue. Ils sont régulièrement attaqués et certains subissent des pressions pour se convertir.
"Plus de 400 jours après le début des violences ethniques entre la population dominante des Meiteis et la minorité des Kukis [...], le gouvernement indien et celui de l’État du Manipur manquent totalement à leur devoir de mettre un terme aux violences". Voici l’introduction du rapport de l’ONG de défense des droits de l’Homme, Amnesty international, publié le 16 juillet.
Selon l’ONG de défense des chrétiens persécutés Portes Ouvertes, la majorité hindoue de l'ethnie Meiteis s'en est prise "avec une grande violence" aux minorités chrétiennes Kukis, en mai 2023. Aujourd'hui, plus de 200 personnes ont perdu la vie lors de ces affrontements et plus de 60 000 ont été contraintes de se déplacer pour fuir la violence.
Des chrétiens "pris pour cible"
Des milliers de chrétiens ont été déplacés, certains ont été tués, des dizaines d’églises ont été détruites et des croyants ont "reçu des pressions pour se convertir à l'hindouisme" dans l’Etat du Manipur, rapporte PO. "Ce qui n’était au départ qu’un différend entre deux tribus a pris une dimension religieuse inquiétante, les chrétiens étant pris pour cible par tous les groupes ethniques" ajoute-t-elle.
Déjà le 13 juillet 2023, le Parlement européen avait adopté une résolution sur l’Inde et la situation dans l’État du Manipur. Il demandait aux pouvoirs publics indiens "de prendre toutes les mesures qui s’imposent" pour "protéger toutes les minorités religieuses telles que la minorité chrétienne".
"Prie instamment les pouvoirs publics indiens de prendre toutes les mesures qui s’imposent et de faire tous leur possible pour mettre rapidement fin aux violences ethniques et religieuses en cours, pour protéger toutes les minorités religieuses, telles que la minorité chrétienne dans le Manipur, et pour prévenir toute escalade supplémentaire."
"Il est grand temps que les autorités en finissent avec ces 14 mois d’inaction et d’impunité" a conclu le président du conseil exécutif d'Amnesty international, Aakar Patel.
Mélanie Boukorras