Victime de « revenge porn » à 13 ans, Serena Fleites bouleverse les Parlementaires canadiens

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« Il est rare dans la vie d’être en présence de quelqu’un qui a une force et une résilience rares et incomparables comme vous l’avez clairement démontré ici. »

Serena Fleites, 19 ans, s’est exprimée devant les Parlementaires canadiens au sujet de la pédopornographie, et notamment du « revenge porn », la pornodivulgation. Elle a raconté son combat pour faire retirer des images d’elle, mineure, de la plateforme Pornhub.

Serena n’avait que 14 ans quand son petit-ami lui a demandé de lui envoyer une vidéo d’elle nue. Elle refuse mais il insiste, « si nous sommes dans une vraie relation, si tu m’aimes vraiment, alors tu dois me l’envoyer ».

Serena finit par se filmer en train de se déshabiller et envoie la vidéo à son ami. Celui-ci va partager la vidéo, puis la publiera sur la plateforme Pornhub.

Serena témoigne auprès du New York Times :

« C’est à ce moment-là que j’ai commencé à avoir des regards étranges à l’école. »

La jeune adolescente est alors harcelée par plusieurs élèves de son école en Californie.

« Beaucoup de gens dans les classes supérieures, principalement des garçons, essayaient de me harceler, de me faire chanter. Ils disaient que si je ne faisais pas des choses avec eux, ou si je ne leur envoyais pas plus de vidéos, ils les enverraient à ma famille, ma grand-mère, ma mère, mes soeurs, mon frère. »

Serena explique le long cheminement pour obtenir la suppression de la vidéo. Elle affirme que les administrateurs du site lui demandaient toujours plus d’informations et de moyens pour l’identifier.

Au bout de plusieurs semaines Pornhub a retiré la vidéo, mais celle-ci était sans cesse rajoutée au site. La jeune fille explique que la vidéo « avait déjà été téléchargée par des gens du monde entier » et qu’elle pouvait donc toujours se retrouver sur la plateforme.

Le garçon a été suspendu de son école. Mais le mal-être empirait chez Serena. Elle explique qu’elle ne supportait pas la honte.

Elle explique alors aux parlementaires :

« Cela a provoqué cette énorme accumulation d’anxiété et de dépression en moi, ce qui m’a amené à me tourner vers la drogue pour essayer d’oublier, à me suicider pour essayer d’y mettre fin. »

Le New York Times précise qu’elle a fait une tentative de suicide avec des médicaments. Quand elle s’est réveillée trois jours plus tard à l’hôpital, elle était déçue de ne pas avoir réussi à mettre fin à ses jours. De retour chez elle, elle s’est pendue dans la salle de bain, mais a été sauvée par sa sœur et réanimée par les médecins.

Serena tombe ensuite dans la drogue, quitte l’école et devient sans-abri. Elle commence à vendre des photos et vidéos d’elle nue, pensant « je ne vaux plus rien parce que tout le monde a déjà vu mon corps ». Ces vidéos circulent sur Pornhub.

Aujourd’hui, Serena ne se drogue plus, mais elle vit toujours dans sa voiture. Elle se dit traumatisée et affirme, « une vie entière peut être changée à cause d’une petite erreur ».

Une vidéo où elle est nue, âgée de 14 ans, a été vue 400 000 fois. Elle affirme pourtant que le fait qu’elle était mineure était visible.

« J’ai atteint la puberté très tard à cause d’un trouble hormonal qui me fait vieillir très lentement, alors quand j’avais 13 ou 14 ans, j’avais toujours l’air d’avoir 9 ou 10 ans. »

Elle accuse Pornhub de s’enrichir avec des vidéos de pédopornographie.

« Ils sont vraiment égoïstes. Ils doivent vraiment se regarder dans le miroir, car ils donnent la priorité à l’argent et au contenu sur la vie réelle des êtres humains. »

Les parlementaires ont été bouleversés par ce témoignage. L’une d’entre eux, Shannon Stubbs, l’a félicitée :

« Il est rare dans la vie d’être en présence de quelqu’un qui a une force et une résilience rares et incomparables comme vous l’avez clairement démontré ici. »

M.C.


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