Après une longue détention de 21 mois et un feuilleton politico-diplomatique entre la Turquie et les États-Unis, la prochaine audience du pasteur américain Andrew Brunson devant les juges turcs devrait avoir lieu aujourd’hui.
Et selon certains observateurs, la libération du missionnaire américain pourrait être imminente. Le journaliste turc Serkan Demirtas relate dans un article publié sur le site HurrietDailyNews, les propos du ministre des Affaires Étrangères turc, Mevlüt Çavusoglu, selon lesquels il est désormais temps pour la Turquie « d’essayer d’augmenter le nombre d’amis et de réduire le nombre d’ennemis ». Et parmi les sujets récemment discutés entre les gouvernements turc et américain, figure le cas d’Andrew Brunson accusé « d’appartenance à une organisation terroriste armée et espionnage militaire », une accusation jugée fantaisiste par le Conseil de l’Europe et le gouvernement américain. Selon le journaliste,
« Brunson, qui est en prison depuis fin 2016, semble être beaucoup trop cher pour la Turquie et sa détention prolongée compliquerait davantage la situation. C’est pourquoi de nombreux diplomates à Ankara attendent sa libération potentielle suivie de son expulsion suite à son procès lors de l’audience du 18 juillet. Bien sûr, il est impossible de prévoir quelle sera la décision de la cour, mais sa libération aiderait sûrement le processus de réconciliation en cours entre la Turquie et les États-Unis. »
Depuis le début de la détention du pasteur Brunson, de nombreuses voix ses sont élevées pour plaider son innocence.
Le 25 janvier 2018, 24 membres de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe ont signé une déclaration écrite, spécifiant que la détention était maintenue « sans aucune raison et en violation flagrante de ses droits ».
Le 7 février 2018, le Parlement européen a voté une résolution demandant au gouvernement turc de « libérer le pasteur Andrew Brunson et de lui permettre de rentrer chez lui ».
Le 9 mars 2018, son cas a été porté devant le Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies par l’ECLJ (European Centre for Law and Justice). Jacqueline, la fille du pasteur Brunson avait raconté avec émotion sa visite en prison, et lu un texte de son père.
Le 20 avril 2018, deux-tiers des sénateurs américains ont adressé une lettre au président Erdoğan « dans l’espoir que justice serait faite et que le pasteur Brunson serait réuni avec sa famille ».
Le 5 juillet 2018, en prévision du troisième jour de procès du pasteur Brunson, 98 députés européens de 21 pays différents et tous les groupes politiques ont adressé une lettre ouverte au président Erdoğan pour rappeler « les engagements européens et internationaux de la République de Turquie en matière de liberté de religion, d’interdiction de la détention arbitraire et de droit à un procès équitable ». Ils ont également dénoncé,
- Le fait que le pasteur Brunson a dû attendre près d’un an et demi avant d’être inculpé.
- Les offres de libérer le pasteur Brunson en échange de M. Fethullah Gülen, comme si le pasteur Brunson était une monnaie d’échange.
- « L’acte d’accusation », car les accusations non fondées contre le pasteur Brunson reposent sur des rumeurs de « témoins secrets ».
- Le fait que l’acte d’accusation associe la « christianisation » au terrorisme, considérant la foi chrétienne comme une menace pour l’unité de la Turquie, alors que le christianisme a été présent pacifiquement sur cette terre bien avant la République de Turquie actuelle.
N’oublions pas le pasteur Brunson.
H.L.