Vers la fin des tests de virginité « des deux doigts » au Pakistan ?

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« Ces examens invasifs sont humiliants et menés sans consentement significatif, ou parfois sans consentement. La procédure elle-même peut constituer une agression sexuelle. »

La semaine dernière, au Pakistan, le Ministère du Droit et de la Justice vient de se positionner contre l’examen de virginité appelé « test des deux doigts », réalisé sur les jeunes filles et femmes qui portent plainte pour viol ou agression sexuelle.

Saroop Ijaz est avocat. Il explique sur le site Human Right Watch :

« Les ‘examens de virginité’ font depuis longtemps partie des procédures pénales au Pakistan. Ils reposent sur l’hypothèse non scientifique et misogyne selon laquelle une femme ‘habituée aux rapports sexuels’ est moins susceptible d’avoir été violée. La police et les procureurs pakistanais ont utilisé ces tests pour accuser les victimes de viol de rapports sexuels illégaux et les traiter comme des criminels. Ces examens invasifs sont humiliants et menés sans consentement significatif, ou parfois sans consentement. La procédure elle-même peut constituer une agression sexuelle. »

Tradition ancienne, ces tests de virginité existent dans une vingtaine de pays dans le monde. En 2018, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, ONU-Femmes et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) avaient demandé à ce qu’ils cessent. Tous dénonçaient alors une « pratique médicalement inutile et souvent douloureuse, humiliante et traumatisante ».

L’OMS précisait alors que les femmes et filles y étaient soumises de force, avant un mariage, voire même un nouvel emploi. Réalisés par des médecins, des agents de police ou des chefs de communauté, ces examens sont censés évaluer « la vertu, l’honneur ou la valeur sociale des femmes et des filles concernées ».

« Les tests de virginité consistent le plus souvent à inspecter l’hymen afin de voir s’il est déchiré ou d’évaluer son degré d’ouverture, et (ou) à introduire des doigts dans le vagin (le test des ‘deux doigts’). Ces deux techniques sont pratiquées en vertu de la croyance selon laquelle l’apparence des organes génitaux féminins peut indiquer si une fille ou une femme a déjà eu des rapports sexuels. L’OMS affirme que rien ne tend à démontrer que l’une ou l’autre de ces méthodes permet de prouver qu’une fille ou une femme a eu ou non des rapports vaginaux. »

Le Ministère du Droit et de la Justice pakistanais a jugé que ces tests de virginité violaient l’article 14 de la Constitution du pays qui précise que « la dignité de l’homme et, sous réserve de la loi, l’intimité du domicile sont inviolables » et que « nul ne peut être soumis à la torture dans le but d’extraire des preuves ».

La recommandation du gouvernement pakistanais va désormais être présentée à la Haute Cour de Lahore.

M.C.

Crédit image : khlongwangchao / Shutterstock.com


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