Verdict d’Asia Bibi « réservé jusqu’à nouvel ordre » - Le chef d’un parti promet de paralyser le pays en cas d’acquittement

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La Cour suprême aurait statué sur le cas d’Asia Bibi. Son verdict est « réservé jusqu’à nouvel ordre ».

Asia Bibi, chrétienne pakistanaise, est accusée depuis plus de 9 ans d’avoir profané le nom du prophète. 9 années d’emprisonnement. 9 années à attendre un verdict. Au Pakistan, les lois sur le blasphème condamnent à mort celui qui profane le nom du Prophète. Asia Bibi est devenue malgré elle la figure emblématique de la persécution des chrétiens au Pakistan. La communauté internationale se mobilise autour de cette mère de famille.

Les manifestations des islamistes

Dans l’attente du verdict, des centaines de manifestants ont envahi les rues de Lahore en réponse à l’appel du parti politique sunnite Tehreek-e-Labbaik, afin d’intimider les juges de la Cour suprême.  Le programme de ce parti est la défense du Prophète et la glorification de ceux qui tuent au nom du Prophète. C’est dans cette vision qu’ils ont fait de la tombe de Mumtaz Qadri, assassin d’un des défenseurs principaux d’Asia Bibi, un lieu de pèlerinage. Leur chef, Khadim Hussain Rizvi, a promis de paralyser le pays si Asia Bibi était acquittée.

« Personne ne pourra jamais diminuer l’importance du Prophète. [...] Vous ne devez pas abuser de votre autorité. [...] Ne vous mêlez pas de ce qui touche au Prophète. »

Un rapport du gouvernement américain sur la liberté religieuse au Pakistan dénonçait déjà, avant les dernières élections l’influence de ce jeune groupe islamiste dans la sphère politique, qui promeut « l’incitation à la violence et les récits anti-minoritaires ».

La position de la Cour

L’avocat d’Asia Bibi, Saif ul Malook, soulève le manque de preuves dans le dossier de sa cliente. 2 des 3 juges seraient ouverts à entendre cet argument, dont Asif Saeed Khosa, qui s’oppose au mauvais usage des lois sur le blasphème. Au Pakistan, en effet, ces lois servent souvent de prétexte à la résolution de simples conflits entre voisins ou collègues. C’est lui qui avait condamné à mort Mumtaz Qadri.

Le Président de la Cour note quant à lui « beaucoup de contradictions dans les déclarations faites par les acteurs du dossier ».

Deux hypothèses envisageables

Nous pouvons nous demander les raisons pour lesquelles la Cour réserve son verdict.

Tout d’abord, la crainte de la réaction de la foule en cas d’acquittement d’Asia Bibi. Au Pakistan, être accusé de blasphème équivaut à une condamnation à mort. De nombreux accusés sont lynchés par la foule, battus, brûlés, assassinés, sans avoir pu être jugés et sans qu’il y ait besoin d’une quelconque preuve. Les défenseurs des accusés, et ceux qui cherchent à faire réviser ces lois le font au péril de leur vie. Ce fut le cas de Salman Taseer, ancien gouverneur du Pendjab, assassiné par Mumtaz Qadri, le policier qui était chargé de sa protection. Qu’adviendrait-il d’Asia Bibi, de sa famille et de ses défenseurs au sortir du tribunal ? Qu’adviendrait-il des juges qui ont énoncé le verdict ?

Mais, qu’en serait-il de la réaction de la communauté internationale si la condamnation à mort par pendaison d’Asia Bibi était confirmée ? Quelles seraient les répercussions politiques d’une telle décision alors que les nations plaident pour son acquittement ?

La rédaction


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