« Comme j’ai cinq enfants, je vendrai notre enfant à naître pour que les autres puissent survivre et ne meurent pas de faim. »
Le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), Filippo Grandi, déplorait la semaine dernière la « très grave » crise que subit actuellement l’Afghanistan. « Nous parlons avec des personnes qui ne savent pas ce qu’elles vont manger pour leur prochain repas ; des femmes cheffes de famille qui ont peur pour la santé et le bien-être de leurs enfants ; des mères et des pères qui cherchent désespérément à subvenir aux besoins de leur famille », affirmait-il avant d’ajouter, « les besoins ici sont énormes. »
L’organisation Save The Children a rencontré une de ces familles afghanes désespérées, et témoigne du drame vécu par Nosheen et Aziz, parents de cinq enfants. Nosheen est enceinte de son sixième enfant. Mais, avec son mari, ils ont dû se résoudre à le vendre. Pour 510 euros.
« Comme j’ai cinq enfants, je vendrai notre enfant à naître pour que les autres puissent survivre et ne meurent pas de faim », explique le père, qui n’a de cesse de chercher du travail en ville, « pour gagner quelques morceaux de pain ».
Nosheen l’affirme, ce qu’elle ressent est « au-delà de la tristesse ».
Aziz explique que l’argent servira à rembourser les dettes que le père de famille a contractées pour nourrir sa famille.
« Aujourd’hui, les gens frappent à la porte pour demander leur argent. Avoir des dettes est pire que d’avoir faim parce qu’ils exigent de l’argent tous les jours, mais je n’ai pas d’argent pour payer. On attend que quelqu’un nous apporte quelques morceaux de pain, sinon on a faim toute la journée ou toute la nuit. Je me bats pour trouver du travail pour que mes enfants n’aient pas faim. »
L’organisation Save The Children a soutenu financièrement la famille et a réussi à les faire renoncer à ce projet. Mais pour Athena Rayburn, directrice du plaidoyer et des campagnes de Save the Children, « les efforts tragiques que les parents vont devoir faire pour garder leurs enfants en vie vous montrent à quel point la situation devient grave en Afghanistan ».
M.C.