Vaccination anti-covid : Le « coup de sang » des généralistes sera-t-il salutaire ?

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Avec 6 millions de personnes ayant reçu une ou deux doses de vaccin, la France se situait le 8 mars au 16e rang européen quant au nombre de personnes vaccinées.

Et cela, après une nette accélération des vaccinations depuis le début de l’année. Le weekend dernier s’annonçait comme une nouvelle étape dans cette accélération pour passer le cap des 11 millions de doses administrées à la fin de ce mois de mars. De fait, en deux jours et demi (5-6-7 mars), 585 000 personnes auraient été vaccinées. Mais pour tenir la promesse d’Emmanuel Macron de vacciner tous les adultes qui le désirent avant la fin de l’été, il faudrait que ce rythme soit soutenu quasi quotidiennement et pas seulement sur un grand weekend. Au rythme actuel (moyenne des sept derniers jours), selon le site CovidTracker qui répertorie l’ensemble des données publiques relatives à la campagne de vaccination, « l’objectif de vacciner l’ensemble de la population adulte serait atteint le 30 septembre 2022 »…

Malgré son succès apparent, ce long weekend de mobilisation a fait de nombreux déçus, des candidats déprogrammés au dernier moment et des médecins généralistes qui s’étaient mobilisés pour vacciner. Déçus est un mot faible : beaucoup de ces médecins sont furieux ! Témoin le « coup de gueule » du docteur Jean-Paul Hamon sur LCI dimanche matin, 7 mars (en lien vidéo ci-dessous). Ce passage mérite d’être vu ou revu, et pas seulement comme un grand moment de télévision offrant un parfait contre-exemple à la célèbre boutade de Coluche : « On ne peut pas dire la vérité à la télévision : il y a trop de monde qui regarde ! » C’est une photographie, un « instantané » du mal français que les opérations de communication du gouvernement ne parviennent plus à dissimuler : une administration toute-puissante mais obèse (selon l’OCDE, la part du personnel administratif et technique dans les hôpitaux français est de 33,7% contre 25,8% en Italie, 25,5% Allemagne,24% en Espagne), budgétivore (le déficit de la Sécurité Sociale est de 38,9 milliards d’euros en 2020), et d’autant plus tyrannique qu’elle est terrorisée et tétanisée elle-même par la peur du juge. Avec un tel « boulet » aux commandes, la « guerre » contre le virus proclamée il y aura bientôt un an (16 mars 2020) par le Président de la République, ressemble fâcheusement à la « drôle de guerre » qui a conduit la France à « l’étrange défaite » de 1940. Défauts de traçage et d’isolement des contaminés, pénuries de tests, de masques et maintenant de vaccins…, ordres et contre-ordres, on aura tout connu depuis le début de cette crise sanitaire. Mais on espérait tourner la page.

Hélas, ce qui s’est passé le weekend dernier prouve que nous ne sommes pas sortis du bourbier. Incapables de servir à la fois les pharmaciens qui commencent à vacciner cette semaine et les médecins libéraux, les autorités de Santé ont donné la priorité aux premiers, privant au dernier moment des doses promises les généralistes qui avaient bloqué leur weekend pour vacciner et enregistré de nombreux rendez-vous de patients. Pire, Jean-Paul Hamon a révélé que lui-même et son équipe d’infirmières volontaires, à Clamart (Hauts-de-Seine), avaient été contraints par l’Agence régionale de santé (ARS) de jeter 50 doses du vaccin Pfizer sous prétexte que le prélèvement de ces doses surnuméraires n’était pas conforme au protocole… Tout ça au nom du principe de précaution, « ceinture et bretelles ! », a tempêté Jean-Paul Hamon. Un indicent isolé ? Non : plusieurs équipes de soignants de différentes régions de France ont signalé que les nouveaux kits vaccinaux leur permettaient d’extraire une septième dose (contre 6 officiellement) des flacons de vaccin Pfizer, mais que leur ARS le leur interdisait. On imagine les sentiments de soldats en première ligne qui voient leurs dernières cartouches confisquées par des officiers d’intendance, au nom du règlement !

On doit éprouver de la gratitude envers ceux qui ont le courage de crier que le roi est nu en renversant la table, comme l’a fait dimanche matin Jean-Paul Hamon, président d’honneur de la Fédération des médecins de France. Il a demandé, symboliquement, la démission du directeur de la Santé, Jérôme Salomon. À leur tour, le Syndicat des médecins généralistes (MG France) et le Syndicat des médecins libéraux (SML) ont exigé la démission de Jérôme Salomon dans un communiqué, le 8 mars. On verra si cet électrochoc produit quelque effet.

Philippe Oswald 

Source : LCI

Cet article est republié à partir de La Sélection du Jour.


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