Un rapport documentant les accusations de blasphème en Turquie vient d’être publié par l’USCIRF.
La Commission américaine pour la liberté religieuse internationale (USCIRF) vient de publier un rapport sur les accusations de blasphème en Turquie.
« Comme l’USCIRF l’a documenté dans des rapports successifs et d’autres forums publics, de nombreuses violations de la liberté religieuse en Turquie constituent des pratiques de longue date », peut-on lire au début du rapport, qui pointe ensuite rapidement la criminalisation, faite depuis plusieurs années, du blasphème ou des propos jugés insultants pour la religion ou les convictions religieuses.
« La Turquie est l’un des 16 pays d’Europe à maintenir une loi pénale sur le blasphème », précise le rapport. En effet, selon l’article 216(3) du Code pénal turc, un individu « qui insulte ouvertement les valeurs religieuses d’une partie du public » est passible d’une peine de prison allant de six mois à un an.
Mais, selon cette Commission, si de nombreux pays ont maintenu cette législation, ils sont peu nombreux à l’appliquer. Ce n’est pas le cas de la Turquie, qui en plus de l’utiliser, figure également « parmi les dix premiers pays au monde dont les cas de blasphème présumé impliquaient l’utilisation de réseaux sociaux ».
« L’utilisation de cet article par le gouvernement est généralement politiquement motivée et vise à pénaliser les individus perçus comme ayant insulté ou moqué l’islam ou à intimider ou exercer des représailles contre les détracteurs du président Recep Tayyip Erdoğan, du parti au pouvoir Justice et Développement (AKP) ou d’autres personnes associées au gouvernement actuel. En plus de ses limitations inhérentes à la liberté de religion ou de conviction et à la liberté d’expression, l’article 216(3) sert souvent d’outil supplémentaire avec lequel le gouvernement turc peut réduire au silence les voix dissidentes ou simplement différentes. »
M.C.