USA : l’Église mormone soutient la loi sur le mariage homosexuel en espérant protéger la liberté religieuse
Ce mardi 29 novembre, le Sénat américain a voté en faveur de la loi sur le Respect du mariage pour inscrire dans le marbre du Capitole la jurisprudence sur le mariage homosexuel. 12 des 49 élus républicains ont apporté leur soutien au texte proposé par les démocrates, parmi eux le sénateur Mitt Romney, de confession mormone.
L’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, plus connue sous le nom d’Église mormone, a choisi de soutenir cette loi en dépit de ses positions sur l’homosexualité. Elle espère obtenir en contrepartie le droit pour les congrégations de ne pas célébrer de mariages homosexuels.
Une stratégie différente de celle de l’épiscopat catholique américain ou de la Convention baptiste du Sud.
En 2015, la Cour suprême avait statué, par l’arrêt Obergefell v. Hodges, que le 14ème amendement garantissait le droit fédéral au mariage homosexuel. Cet amendement avait été voté pour protéger les droits nouvellement accordés aux anciens esclaves. Contestant cette lecture de la Constitution, le juge Clarence Thomas a déclaré que cette jurisprudence devrait être annulée. La déclaration de Thomas, dans la foulée de l’arrêt Dobbs selon lequel il n’y a pas de droit constitutionnel à l’avortement, a fait réagir les démocrates qui ont entamé une procédure avant de garantir le mariage homosexuel contre un éventuel renversement de jurisprudence.
En juillet, la Chambre des représentants, à majorité démocrate, avait adopté un texte consacrant le mariage homosexuel, elle devra se prononcer sur la version à peine modifiée du Sénat.
Le texte a provoqué une levée de boucliers parmi des mouvements religieux craignant que les ministres du culte ne soient contraints de célébrer des mariages ne correspondant pas à leurs valeurs, même si un amendement prévoit une certaine liberté pour les groupes religieux.
Le président du Comité des évêques pour la liberté religieuse, le cardinal Timothy Dolan, a déclaré que l’amendement bipartite ne suffisait pas à préserver l’équilibre entre le droit au mariage des personnes homosexuelles et la liberté religieuse. Une inquiétude partagée par le révérend Al Mohler, président du Southern Baptist Theological Seminary qui voit dans la future loi une « menace sur des ministères comme les orphelinats chrétiens […] ainsi que sur les services d’adoptions » tenus par des institutions religieuses.
Si ces positions ne surprennent pas, celle de L’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours jure avec sa position traditionnelle sur l’homosexualité.
La stratégie à contre-courant des mormons pourtant opposés au mariage homosexuel
L’Église mormone a apporté, le 16 novembre, son soutien à la proposition de loi. Si elle déclare considérer que les relations homosexuelles enfreignent les commandements divins, elle assure soutenir le texte tant que les droits des couples homosexuels n’empiètent pas sur ceux des institutions religieuses.
« Nous travaillons ensemble pour protéger les principes et les pratiques de la liberté de religion comme les droits des personnes LGBTQ », souligne l’Église qui compte 17 millions de fidèles.
Le texte prévoit que le statut des groupes religieux sans but lucratif ne sera pas affecté par leurs refus d’offrir des célébrations nuptiales. Cette mention destinée à attirer le vote d’au moins 10 républicains a convaincu l’Église mormone. Cependant, trois amendements républicains visant à garantir davantage la liberté religieuse ont été rejetés par la majorité démocrate.
Des amendements qui visaient notamment à empêcher de révoquer le statut fiscal des organisations religieuses dont les responsables refuseraient de célébrer des mariages homosexuels ou de sanctionner les écoles liées à des congrégations.
« Mon amendement interdit simplement au gouvernement fédéral de discriminer les écoles, les entreprises et les organisations en raison de leurs croyances religieuses au sujet du mariage entre personnes de même sexe », a déclaré le sénateur Lee qui fait partie des 37 sénateurs républicains ayant voté contre le texte.
Il y a actuellement neuf mormons au Congrès des États-Unis, trois sénateurs et six représentants. Ces derniers ont tous été réélus en novembre dernier.
Jean Sarpédon