Stéphane Bataillon, journaliste et poète, publie dans la revue La Croix Hebdo un récit personnel et audacieux : celui de la semaine de retraite qu’il a passé à l’abbaye catholique de Landévennec. Une première pour ce protestant. Rencontre avec ce chercheur d’éternité.
InfoChrétienne : Expliquez-nous la genèse de ce projet. Comment est née cette idée ?
Stéphane Bataillon : Ce projet est né du croisement de plusieurs envies et projets. D’abord, celle du journal : nous avons toujours eu la volonté de parler de sobriété et décroissance de façon positive, loin de l’idée de privation. Nous avons échangé beaucoup d’idées et j’ai proposé celle d’aller dans un lieu où la décroissance et la sobriété sont vécues quotidiennement, comme une abbaye. Tout le monde est un peu perdu depuis le Covid, chacun cherche un sens à sa vie, en se coupant parfois du tourbillon de l’info, de se retrouver un peu. Quoi de mieux pour cela que d’aller dans une abbaye ? Pour être franc, cette idée était aussi un projet personnel que j’avais depuis des années. Alors ce projet d’immersion permettait de faire d’une pierre deux coups !
IC : Pourquoi une semaine ? Comment avez-vous établi cette durée ?
SB : Une semaine c’est le temps nécessaire pour couper et prendre un nouveau rythme. C’est aussi une durée qui permet d’approfondir les rencontres en ayant la disponibilité nécessaire et des échanges un peu long.
IC : Avant de partir, quelles étaient vos inspirations ? Votre idée ?
SB : j’étais très inspiré par le pèlerinage de Charles Wright qui est parti sans argent pendant un mois sur les routes de France.En fait, je suis nourri par les expériences radicales de ce type et j’ai toujours eu un petit fantasme de la vie de moine. Avant de partir, j’avais la naïveté de penser qu’en 7 jours je pourrai totalement vivre comme un moine. Un rêve qui s’est vite percuté à la réalité ! Dès mon arrivée j’ai en effet découvert que les retraitants étaient en réalité séparés du cloître.
IC : Mais du coup, comment avez-vous occupé vos journées ? Vous vous êtes ennuyé ?
SB : C’était une de mes craintes avant de partir, j’avais d’ailleurs emporté quantité de livres…que je n’ai jamais ouvertes ! Finalement, les journées sont bien rythmées par les offices qui cadrent notre temps. Ce cadre fixe est un peu angoissant au début mais finalement, on s’aperçoit que ce rythme donne une autre saveur à notre temps. Une autre façon d’habiter le temps qui nous est donné : c’est une sensation qui persiste. Cette semaine m’a permis en effet d’apaiser mes relations à mon portable et aux réseaux sociaux. Cela fait deux mois et je constate que j’ai changé dans ma façon d’utiliser mon téléphone.
Je n’ai lu aucun des livres que j'avais emporté, mais il s’est passé des choses étonnantes avec la Parole : les lectures aux repas qui répondaient à des questions personnelles, des clins d'yeux ou encore la qualité des échanges avec les autres retraitants.
IC : Vous avez des nouvelles d’ailleurs des autres retraitants qui ont partagé cette semaine avec vous ?
SB : Oui ! Je leur ai évidemment fait relire l’article ! Ces rencontres ont été très importantes, j’y ai découvert une fraternité, le partage de quelque chose de très profond.
IC : Une leçon que vous retirez de cette semaine ?
SB : J’ai adoré la vie monastique ! Les offices, la vie d’un saint lue au long cours, tout cela m’a plu. Mais cela m’a aussi montré à quel point j’étais attaché au protestantisme, à son épure, à sa simplicité !
Un récit à retrouver à partir du vendredi 7 avril dans La Croix L’hebdo, en kiosque ou en ligne en cliquant ici.
Herveline Urcun