Une jeune chrétienne enlevée pour la seconde fois au Pakistan

Une jeune chrétienne enlevée pour la seconde fois au Pakistan

Le drame de Muskan Salman, une jeune chrétienne de 15 ans, illustre une fois de plus la vulnérabilité des minorités religieuses au Pakistan.

Kidnappée une première fois en mars 2024, forcée à se convertir à l'islam et à épouser son ravisseur, Muskan Salman était parvenue à s'échapper en décembre dernier. Mais le 18 février, alors qu'elle était de retour dans son village natal avec sa famille pour un enterrement, elle a été enlevée à nouveau.

Muskan était restée seule avec sa cousine de 10 ans lorsque son ravisseur, Arsalan Ali, accompagné d'un complice, a fait irruption dans la maison familiale, armes au poing. Son père, Salman Masih, raconte à Morning Star News : "Quand nous sommes rentrés, ma nièce était en larmes dans la cour et Muskan avait disparu". Immédiatement alertée, la police a refusé d'enregistrer une plainte, laissant la famille livrée à elle-même.

Arsalan Ali, un homme dont l'âge est estimé entre 25 et 27 ans, revendique la jeune fille de 15 ans comme son "épouse légitime" et refuse de la laisser partir. Pourtant, en Sindh, l'âge légal du mariage est fixé à 18 ans. En décembre, la jeune fille avait nié devant le tribunal s'être convertie volontairement à l'islam ou avoir accepté ce mariage. Son avocat, Luke Victor, regrette que la famille ait voyagé sans prévenir la justice :

"Nous avons déployé tant d'efforts pour la sauver, et maintenant, nous sommes revenus à la case départ".

Les chrétiens, une minorité persécutée au Pakistan

L'ONG Portes Ouvertes indique que les chrétiens du Pakistan, représentant environ 2 % de la population, sont confrontés à une discrimination systémique. Considérés comme des citoyens de seconde classe, ils subissent de plein fouet les lois sur le blasphème, qui sont souvent détournées à leur encontre. Et chaque année, près de 1 000 jeunes filles chrétiennes et hindoues sont enlevées, converties de force et mariées contre leur gré. Leur persécution est amplifiée par l'inaction des autorités, qui ferment les yeux sur ces exactions. Shehbaz Sharif, réélu Premier ministre en février 2024, ne semble pas prêt à remettre en question ce système discriminatoire. 

Camille Westphal Perrier

Crédit image : Morning Star News

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