Une caution 8 fois plus chère que le montant maximal autorisé est exigée à un chrétien accusé de blasphème au Pakistan
"Il semble que le juge ait voulu rendre la libération de Waqas impossible en fixant la valeur des obligations à 4 millions de roupies. C'était un objectif impossible, car la famille de Waqas est extrêmement pauvre et son père est paralysé."
Sunny Waqas, 23 ans, est un chrétien pakistanais. Accusé de blasphème en vertu de l'article 295-C du Code Pénal pakistanais, il a déjà passé 3 années en prison. Le 17 janvier dernier un juge du tribunal de Bahawalpur de la Haute Cour de Lahore a imposé un montant de 4 millions de roupies pour sa libération, soit près de 15 000 euros, alors même que le montant maximal pouvant être exigé dans ce cas est fixé à 500 000 roupies.
Aneeqa Maria, avocate de The Voice Society, s'est exprimée à ce sujet auprès de Morning Star News.
"Il semble que le juge ait voulu rendre la libération de Waqas impossible en fixant la valeur des obligations à 4 millions de roupies. C'était un objectif impossible, car la famille de Waqas est extrêmement pauvre et son père est paralysé."
Le montant de la caution a cependant pu être payé grâce à l'action de The Voice Society. Sunny Waqas a été libéré de prison le 3 février dernier. Une libération sous caution rendue possible grâce au non-respect des délais de son procès.
"Dès le début de l'affaire, la haute cour de Bahawalpur a adopté une approche très partiale à notre égard - nous avons été ouvertement menacés par des juges et intimidés par des avocats musulmans, qui ont également malmené un membre de notre équipe", explique Aneeqa Maria.
Elle affirme qu'un juge de la Haute Cour lui a dit le jour de l'audience de mise en liberté sous caution, "Avocate Aneeqa Maria, vous savez que vous pouvez être brûlée vive pour avoir poursuivi cette affaire à Bahawalnagar et Bahawalpur… les gens deviennent très émotifs lorsqu'il s'agit de questions religieuses".
Il aurait également affirmé que Sunny Waqas devrait rester en prison, "car il sera tué à sa sortie de prison".
Alors qu'il était étudiant, Sunny avait été accusé de blasphème, après avoir eu une légère dispute avec ses voisins musulmans lors d'un match de cricket, selon The Voice Society. Selon un informateur, il avait imprimé des croquis blasphématoires de Mahomet, envoyés par son cousin, et comptait les montrer "à ses amis et à d'autres personnes". Son cousin, Noman Masih, a été inculpé et est toujours en prison.
"Les deux affaires de blasphème contre Waqas et Noman puent la mauvaise foi de la police de deux districts - Bahawalpur et Bahawalnagar", a déclaré l'avocate à Morning Star News. "Dans les deux cas, la police est la plaignante, et elle affirme avoir agi contre les jeunes chrétiens sur la base d'informations secrètes."
"Sunny Waqas nous a dit qu'il s'était disputé avec des voisins musulmans à propos d'un match de cricket quelques jours avant d'être impliqué dans l'affaire. Il est toujours incapable de comprendre comment cette altercation a pu le piéger lui et son cousin. (...) Nous prions et espérons que cette affaire sera entendue par des juges craignant Dieu qui décideront de l'affaire au mérite, plutôt que de fonder leurs décisions sur des préjugés personnels ou religieux."
M.C.
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