
La fréquentation des églises progresse de 56 % en sept ans en Angleterre et au Pays de Galles, portée par une nouvelle génération avide de sens. Un phénomène en apparence discret qui pourrait redéfinir le paysage religieux britannique.
Et si la foi chrétienne faisait son retour dans une société qu’on disait définitivement sécularisée ? C’est ce que suggère une récente étude menée par l’institut YouGov pour la Bible Society et relayée par Evangelical Focus. Entre novembre et décembre 2024, plus de 13 000 adultes ont été interrogés à travers l’Angleterre et le Pays de Galles. Résultat : la fréquentation régulière des églises est passée de 8 % à 12 % de la population depuis 2018, soit une hausse de 56 %, un bond qualifié de "spectaculaire" par les auteurs du rapport.
Ce regain de vitalité religieuse surprend d’autant plus qu’il concerne avant tout les jeunes générations. Chez les 18-24 ans, la proportion de pratiquants a quadruplé en sept ans, passant de 4 % à 16 %. Chez les jeunes hommes, la progression est encore plus frappante : ils sont désormais 21 % à déclarer aller à l’église au moins une fois par mois — cinq fois plus qu’en 2018. Même tendance chez les 25-34 ans, notamment les hommes, dont 17 % fréquentent aujourd’hui un lieu de culte. À rebours des stéréotypes d’une Église vieillissante, c’est donc une jeunesse masculine qui tire désormais la dynamique.
Cette étude révèle également un regain d'intérêt pour la Bible chez les jeunes. Près de 37 % des moins de 24 ans se disent curieux à son sujet, et 19 % la lisent en dehors du cadre ecclésial. Ils sont encore 32 % à déclarer qu’ils seraient à l’aise à l’idée d’être vus en train de lire les Écritures en public. Autant de signes, selon le rapport, que "le christianisme ne paraît plus étrange, absurde ou embarrassant" pour cette tranche d’âge.
Selon la Bible Society, dirigée par Paul S. Williams, il s’agit là d’un tournant :
"Pendant des décennies, on a cru que le déclin religieux était inévitable, conséquence directe de la modernité. Or aujourd’hui, nous voyons une inversion de cette tendance."
L'ogranisation note également que ce regain d'intérêt pour la foi se double d’une plus grande diversité ethnique au sein des Églises, et d’un usage accrue du numérique pour la lecture de la Bible — notamment via des applications.
Loin d’un repli individualiste, cette foi renouvelée semble répondre à un besoin de connexion sociale et de sens. L’étude révèle en effet que 75 % des pratiquants déclarent trouver du sens dans leur quotidien, contre 49 % chez les non-pratiquants. Ils sont également plus nombreux à se sentir confiants en l’avenir, ou proches des gens de leur quartier, comme le souligne la Bible Society dans son conclusion :
"Une nouvelle génération trouve de l’espérance dans le message chrétien et au sein des communautés chrétiennes établies. Cette espérance est à la fois personnelle et sociale. Elle répond à une soif de lien, d’appartenance et de sens, tout en offrant un cadre pour un engagement concret dans le monde face aux grands défis contemporains – injustice, inégalités, changement climatique – et propose une alternative à la vision du monde individualiste, compétitive et matérialiste qui domine les sociétés occidentales depuis plusieurs décennies."
Camille Westphal Perrier