Au Nicaragua, les chrétiens, et plus particulièrement les membres de l'Église catholique, font face à une répression accrue sous le régime du président Daniel Ortega et de sa femme, la vice-présidente Rosario Murillo. Dernier incident en date : le père Frutos Constantino Valle Salmerón, administrateur "ad omnia" du diocèse d’Estelí, a été arrêté et est détenu par le pouvoir nicaraguayen.
Âgé de 80 ans, le père Frutos Constantino Valle Salmerón vient d’être enlevé, interrogé et placé sous surveillance par la police nationale nicaraguayenne. Malade, il est désormais emprisonné dans une maison de formation de l'Église à Managua.
Martha Patricia Molina, avocate et chercheuse, a révélé cette affaire sur le réseau social X. Exilée aux Etats-Unis, elle estime que le père Valle a subi des interrogatoires et probablement des tortures psychologiques lors de son transfert de Somoto à la capitale.
Le diocèse d'Estelí est sans évêque depuis 2021, suite à l'incarcération et l’exil forcé de l'évêque précédent, Mgr Rolando Álvarez, également victime de la répression gouvernementale. En janvier 2024, ce dernier avait rejoint le Vatican avec plusieurs autres prêtres.
Or, le 27 juillet, trois diacres devaient être ordonnés prêtres dans le diocèse d’Estelí. Une ordination annulée la veille de la date prévue sur ordre présumé de la dictature. Cette interdiction brutale illustre la tension croissante entre l'Église et le régime de Daniel Ortega, qui cherche à contrôler et à réduire au silence les voix dissidentes.
Martha Patricia Molina a expliqué que plusieurs prêtres sont actuellement menacés d'emprisonnement ou d’exil forcé, tandis que de nombreux laïcs font l'objet d'enquêtes. Cette répression systématique vise à affaiblir l'influence de l'Église, perçue comme une force de résistance morale et spirituelle face au régime autoritaire.
Le cas du Père Valle n'est que la partie émergée de l'iceberg. Le gouvernement du Nicaragua poursuit ainsi sa politique de restriction de la liberté religieuse, dans un pays où 80% sont chrétiens.
Jean-Benoît Harel