Les neuf membres du Conseil présidentiel de transition en Haïti ont été nommés mardi par arrêté officiel, un nouveau pas vers la mise en place de cet organe destiné à rétablir l'ordre public et la stabilité dans ce pays en proie à la violence des gangs. Parmi les neuf personnes nommées figure un pasteur évangélique.
Ce très attendu Conseil présidentiel de transition haïtien avait été créé le 12 avril par un décret signé du Premier ministre contesté Ariel Henry, qui a démissionné en mars.
Dès le lendemain, les neuf groupes et partis politiques qui seront représentés au sein de ce conseil s'étaient déclarés "profondément choqués" par le texte, affirmant qu'il introduisait des "modifications majeures" par rapport à l'accord conclu la semaine précédente.
Dans ce décret, le gouvernement sortant avait pris acte de la création du conseil, mais sans mentionner le nom de ses membres.
Il avait ensuite demandé aux "personnalités désignées par les parties prenantes" de soumettre des documents aux autorités à des fin d'approbation. Cela semble avoir retardé la mise en place du conseil, suscitant des craintes que le gouvernement puisse rejeter certains noms.
L'arrêté publié mardi dans "Le Moniteur", le journal officiel d'Haïti, semble répondre partiellement à cette inquiétude, puisqu'il donne explicitement les noms des sept membres, représentant les principales forces politiques et le secteur privé, et des deux observateurs sans droit de vote.
Les membres sont Smith Augustin (ancien diplomate), Louis Gérald Gilles (médecin et ancien sénateur), Fritz Alphonse Jean (ancien gouverneur de la banque centrale d'Haïti), Edgar Leblanc Fils (ancien président du Sénat), Laurent Saint-Cyr (entrepreneur), Emmanuel Vertilaire (avocat) et Leslie Voltaire (ancien ministre et diplomate). Le pasteur évangélique Frinel Joseph et l'ancienne fonctionnaire de la Banque mondiale Régine Abraham sont nommés membres observateurs sans droit de vote.
Toutefois, l'arrêté précise que les membres "seront tenus de soumettre les documents nécessaires dans un délai raisonnable, et que s'ils ne sont pas en mesure de le faire, ils seront obligés de démissionner".
Le conseil est censé assurer une transition en douceur lorsque M. Henry - nommé quelques jours avant l'assassinat en 2021 du président Jovenel Moïse arrêté- quittera ses fonctions, ce qui ouvrira la voie vers une élection présidentielle.
Sans président ni Parlement, Haïti n'a connu aucune élection depuis 2016.
La capitale est à 80% aux mains des bandes criminelles, accusées de nombreuses exactions, en particulier meurtres, viols, pillages et enlèvements contre rançon.
L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a indiqué la semaine dernière que près de 100.000 personnes avaient fui la zone métropolitaine de Port-au-Prince en un mois pour se mettre à l'abri de l'escalade des attaques de gangs.
La Rédaction (avec AFP)