Un ouvrier chrétien torturé à mort au Pakistan
Un chrétien de 35 ans, Kashif Masih, a été sauvagement torturé à mort par un ancien policier et ses complices dans le village de Jamkay Cheema, district de Sialkot, dans la province du Pendjab, au Pakistan. L’accusation de vol d’un téléphone portable serait à l’origine de ce crime.
Kashif Masih, un ouvrier agricole catholique de 35 ans, travaillait depuis trois ans sur les terres agricoles de Malik Irfan, un ancien officier de police. Morning Star News rapporte qu'il a été retrouvé grièvement blessé dans une rue de son village après avoir été torturé par son employeur et ses complices. Accusé de vol d’un téléphone portable, il aurait été enlevé le 11 mai avant d’être battu avec des barres de fer et des bâtons en bois, selon le témoignage de son frère, Riyasat Masih.
Selon Riyasat Masih, deux proches de l’ancien inspecteur de police Malik Irfan – Areeb Babar et Ijaz Ikramullah – ont fait irruption dans la maison familiale le lundi 12 mai, vers 2h30 du matin, affirmant que Kashif avait volé un téléphone portable. Après avoir fouillé les lieux sans résultat, ils sont repartis. Le média précise que les deux hommes retenait alors la victime captive depuis la veille au soir, sans que personne ne soit au courant.
Ce n’est que vers 5 heures le lendemain que des voisins ont alerté Riyasat de la présence de Kashif, grièvement blessé, allongé dans une rue du village. "Quand nous l’avons retrouvé, il était couvert de bleus, du sang s’écoulait de plusieurs parties de son corps. Il respirait encore quand nous l’avons ramené chez nou"», raconte Riyasat à Morning Star News.
Avant de succomber à ses blessures, Kashif a pu raconter à son frère que l’ancien policier Irfan l’avait convoqué le soir du 11 mai, l’accusant de vol. Il aurait alors ordonné à sept de ses complices, dont Areeb et Ijaz, de le battre jusqu’à ce qu’il avoue.
"Ils l’ont frappé avec des bâtons en bois et des barres de fer, sans relâche sur tout le corps."
Lors de l’autopsie, la famille a découvert que les agresseurs avaient également enfoncé plusieurs clous en acier dans les jambes de Kashif. "Je ne peux pas exprimer la douleur que j’ai ressentie en voyant le corps de mon frère", témoigne Riyasat.
La police, initialement réticente à enregistrer une plainte pour meurtre contre l’ancien officier, a finalement accepté de déposer un First Information Report (FIR) après le rassemblement d’un grand nombre de chrétiens devant le poste de police. Malik Irfan a été arrêté, tandis que Babar et Ikramullah ont obtenu une libération sous caution le mardi 13 mai. Les autres suspects sont toujours recherchés.
Le Pakistan est classé 8e dans l'Index de Persécution des Chrétiens 2025 de l'ONG Portes Ouvertes qui rapporte que "les chrétiens sont considérés comme 'crasseux' ('Chura')" et souffrent d’une discrimination institutionnalisée.
Camille Westphal
