
Dans le pays le plus peuplé d’Afrique, les enlèvements de religieux et de prêtres sont fréquents. En trois mois, six prêtres et deux religieuses ont été enlevés cette année. Le père Sylvester Okechukwu enlevé ce mardi 4 mars a été retrouvé sans vie le lendemain.
Le 23 décembre 2022, le diocèse de Kafanchan se réjouissait de la libération du père Sylvester Okechukwu, trois jours après son enlèvement. Auprès de Vatican News, le père Okafor avouait ne pas connaître les raisons précises de cet enlèvement :
"Il existe de nombreux problèmes interdépendants. Il y a des questions concernant les relations entre les groupes ethniques, entre les tribus, entre les classes sociales..."
Ce mercredi 5 mars, un nouveau communiqué concernant le père Sylvester Okechukwu annonçait son décès après un second enlèvement ayant eu lieu la veille entre 21h15 et 21h40. "Les raisons de son assassinat n'ont pas encore été établies", indique le communiqué signé par le père Jacob Shanet, chancelier du diocèse de Kafanchan.
"Le père Sylvester était un serviteur de Dieu dévoué, qui travaillait de manière désintéressée dans la vigne du Seigneur, diffusant un message de paix, d'amour et d'espoir. Il était toujours disponible et amical avec ses paroissiens", poursuit le communiqué.
Au Nigeria, les enlèvements de religieux sont fréquents. Deux jours plus tôt, dimanche 2 mars, le père Philip Ekeli et le séminariste Peter Andrew ont été kidnappés par des hommes armés qui ont attaqué l'église catholique Saint-Pierre aux alentours de 23h, dans l'État d'Edo (sud du Nigeria), informe l’agence Fides.
Une semaine avant, le 22 février, le père Matthew David Dutsemi et le père Abraham Saummam ont également été enlevés. Ils sont toujours aux mains de leurs ravisseurs.
L’insécurité est omniprésente au Nigeria où les chrétiens dénoncent des discriminations et des persécutions dans de nombreuses régions du pays, notamment dans le nord, principalement peuplé de musulmans. En plus des tensions interreligieuses, des gangs criminels pratiquent des enlèvements de citoyens pour obtenir des rançons.
Selon l'Index Mondial de Persécution des Chrétiens 2025 de l'ONG Portes Ouvertes, 8 chrétiens sur 10 tués dans le monde l’ont été au Nigeria. "Au Nord, les chrétiens vivent sous la charia dans 12 États ; ils sont traités en citoyens de seconde zone. Les convertis de l’islam au christianisme risquent leur vie", souligne le rapport de l'organisation.
Germain Gratien