Dans l’est de l’Ouganda, une région à majorité musulmane, les chrétiens subissent des persécutions de la part de certains musulmans extrémistes. Deux drames récents en témoignent : un évangélique y a été tué et une mère et sa fille récemment converties brulées.
Ronald Twinomugisha a été tué à l’arme blanche ce samedi 30 mars, sommet de la fête de Pâques, à l’âge de 32 ans. Ce fervent évangélique vivait dans le petit village de Busei B depuis deux ans et y menait une activité de fabrication de savon liquide pour subvenir à ses besoins.
Ronald Twinomugisha était fier de sa foi en Jésus et la partageait autour de lui. Si bien que plusieurs musulmans, au moins quatre se sont convertis par son intermédiaire. Ce qui n’a pas plu à certains musulmans du village. Il a d’abord reçu des menaces par SMS qu’il avait signalé aux autorités locales rapporte Morning Star News.
Ces menaces ont été mises rapidement à exécution. Des témoins racontent que vers 19h, ils ont vu des hommes portant des vêtements islamiques entrer chez Ronald.
« Vers 20 heures, j'ai entendu une alarme et un appel à l'aide, suivis d'une forte détonation, comme si on fendait du bois »
a déclaré une source, dont l'identité n'a pas été révélée pour des raisons de sécurité.
« C'était un grand cri qui disait : "S'il vous plaît, ne me tuez pas ! S'il vous plaît, ne me tuez pas ! Je travaille pour Jésus-Christ !" »
poursuit ce témoin.
Le corps de Ronald Twinomugisha a été retrouvé le lendemain, baignant dans une mare de sang. Un message sur son corps laissé par les agresseurs indique qu’ils lui auraient reproché les conversions dont il était à l’origine :
« Tu les as conduits vers une religion erronée par rapport au cours et au chemin d'Allah »
À quelques kilomètres, dans le district voisin, Zafara Nagudi a aussi une petite trentaine d’années. Elle est mariée à un musulman mais a rencontré le Christ lors d'une manifestation évangélique en plein air au centre commercial de Kaiti. Depuis, elle prie dans sa cuisine avec sa fille de 10 ans, en cachette de son mari musulman.
Or, ce 25 mars au soir, alors qu’elle s’apprêtait à préparer du pain de millet et avait mis une casserole d’eau bouillante sur le feu, elle joint ses mains et commence à prier le nom de Jésus-Christ.
« Soudain, j'ai vu mon mari à la porte de la cuisine et nous avons immédiatement cessé de prier »
témoigne-t-elle. Aux questions insistantes du mari, elle répond :
« nous prions Jésus-Christ pour qu'il aide notre famille ».
Elle raconte ensuite sa conversion au christianisme à son mari, qui rentre dans une colère noire. Zafara Nagudi explique la suite des événements :
« À partir de là, il m'a giflée et m'a donné des coups de pied tout en me frappant. Comme il était dans l'embrasure de la porte, nous ne pouvions pas nous enfuir. Il a pris la casserole d'eau chaude et l'a versée sur moi et sur ma fille ».
Laissées pour mortes, elles parviennent à joindre un membre de leur famille qui les emmène dans une clinique. Sorties de l’hôpital une semaine plus tard, elles sont depuis hébergées chez un parent.
La constitution ougandaise et d'autres lois garantissent la liberté religieuse, y compris le droit de propager sa foi et de se convertir d'une foi à l'autre. Les musulmans ne représentent pas plus de 12% de la population ougandaise, mais sont très concentrés dans l’est du pays.
Selon l’ONG Portes Ouvertes, dans les localités à majorité musulmane en Ouganda, beaucoup de chrétiens sont harcelés, licenciés, discriminés administrativement, voire agressés, parfois à mort, à cause de leur conversion. Des parents sont séparés de leurs enfants pendant des mois, voire des années. Dans ces régions, les églises sont surveillées, car soupçonnées de dévoyer des musulmans.
Jean-Benoît Harel
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