
Un jeune chrétien pakistanais de 18 ans, Akash Karamat, détenu depuis plus de 17 mois pour des accusations de blasphème, devrait être libéré sous caution très prochainement.
Akash Karamat, âgé de 18 ans, a été arrêté le 16 juillet 2023 pour des faits de blasphème au Pakistan. Le jeune homme, qui était mineur lors de cette arrestation, a ensuite été impliqué dans deux autres affaires sur la base simples soupçons selon son avocat, Asad Jamal. Celui-ci précise que dans l’une d’elles, le jeune homme n’était même pas mentionné dans le rapport initial mais avait été inculpé via une déclaration complémentaire du plaignant.
Le chrétien a obtenu une première libération sous caution le 19 décembre 2024 dans le cadre de la première affaire. Morning Star News rapporte que les juges ont, la semaine dernière, validé sa libération pour les deux autres affaires. Une première ordonnance de mise en liberté a ainsi été rédigée le 18 février, la seconde devrait suivre très prochainement. Asad Jamal précise que la procédure de libération commencera dès que la famille aura pu réunir l'argent nécessaire pour régler la caution fixée à 100 000 roupies (1 101,61 euros).
L’avocat explique que, malgré plus d’un an et demi de détention, la police n’a jamais soumis le dossier d’accusation au tribunal, ce qui a conduit les juges à estimer qu’il ne pouvait être indéfiniment privé de liberté en attendant un procès dont le retard n’était pas de son fait.
La détention prolongée d’Akash Karamat a malheureusement eu des répercussions dramatiques sur sa famille. Son père, Karamat Masih, rapporte qu'il a été contraint de fermer son atelier de couture et a du fuir son domicile pour échapper à la violence.
La situation d’Akash Karamat s’inscrit dans un contexte plus large de persécution des chrétiens au Pakistan. Considérés comme des citoyens de seconde classe, ils subissent de plein fouet des lois strictes en matière de blasphème. Sous le gouvernement de Shehbaz Sharif, la Constitution impose des restrictions à la liberté d’expression pour préserver "la gloire de l’islam" selon l'ONG Portes Ouvertes. Cette politique se traduit par le fait que près de 25 % des accusations de blasphème visent des chrétiens, alors qu’ils ne représentent qu’environ 2 % de la population.
Bien que les chrétiens jouissant d’une relative liberté de culte, les églises historiques restent étroitement surveillées et la communauté chrétienne doit régulièrement faire face à des violences, des persécutions, voire à des enlèvements et des conversions forcées. Le pays est classé 8e dans l'Index Mondial de Persécution des Chrétiens 2025.
Camille Westphal Perrier
Crédit image : Morning Star News