Au pouvoir depuis 2017, Adityanath est ministre en chef de l’État de l’Uttar Pradesh dans le nord de l’Inde. Moine hindou, il appartient au même parti que le Premier ministre Narendra Modi. Il s’oppose à la liberté religieuse et met des mesures anti-minorités, rendant la vie des chrétiens très difficile dans son Etat.
"Mère Teresa fait partie de la conspiration destinée à christianiser l'Inde". Le ministre en chef Adityanath est un habitué des sorties anti-chrétiennes et anti-musulmanes. Une politique qu’il applique dans son État l'Uttar Pradesh, qui compte 200 millions d’habitants, dont environ 300 000 chrétiens.
La politique de ce moine hindou extrémiste est soutenue par une certaine frange de la population indienne, qui rêve comme lui d’une Inde hindoue.
Dernier épisode en date : le mois dernier, le père Dominic Pinto a été arrêté dans le diocèse de Lucknow, capitale de l’Uttar Pradesh. Il est accusé de vouloir convertir des hindous au christianisme. "Il n’y a pas un iota de vérité dans cette allégation", s’est indigné le père Donald D’Souza, porte-parole du diocèse de Lucknow rapporte Église d’Asie.
Il a finalement été libéré le 12 mars avec dix autres chrétiens. Cette arrestation avait créé une vague d'indignation de la part de la communauté chrétienne. La Conférence des évêques catholiques d’Inde (CBCI) a fait part de son inquiétude face à une intolérance croissante dans la vie sociale et politique du pays.
"Destruction de maisons et d’églises, harcèlement des employés travaillant dans des orphelinats, pensions, institutions éducatives et médicales sont devenues communs, sous le faux prétexte d’accusations de conversions."
Basée à Delhi, l’association United Christian Forum for Human Rights (UCF), qui répertorie les actes de violence commis à l’encontre de la minorité chrétienne, a comptabilisé 687 incidents sur 334 jours de l’année 2023, dont 287 perpétrés en Uttar Pradesh. Si le nord de l’Inde est le théâtre principal de ces violences, le Chhattisgarh, au centre, est une autre région où les violences contre les chrétiens connaissent un essor préoccupant depuis 2022.
L’ Uttar Pradesh mène une politique anti-chrétienne depuis plusieurs années, avec le ministre en chef Adityanath. Il a notamment fait adopter la loi anti-conversion en 2021, en vertu de laquelle des dizaines de chrétiens sont arrêtés et envoyés en prison.
Selon l'ONG Portes Ouvertes, dans son dernier rapport sur la persécution des chrétiens, les lois anti-conversion en vigueur dans le pays sont de plus en plus sévères, "créant un environnement dans lequel n’importe quel chrétien qui partage sa foi peut être accusé de crime, menacé, harcelé ou même être l’objet d’actes de violence".
En Inde, les chrétiens sont environ 29 millions. Ils représentent seulement 2,3 % de la population. Il s'agit de la troisième religion du pays derrière les musulmans (14,2 %) et les hindous (79,8 %).
Jean-Benoît Harel