Le christianisme est une religion subtile pour ne pas dire compliquée voire paradoxale. C’est pour cela sans doute qu’elle répond aux besoins spirituels de tant d’hommes si différents depuis si longtemps.
Et voici qu’un chanteur missionnaire publie un petit livre intitulé « Ce que j’ai découvert sur le Père ».Va-t-il nous servir à quelque chose sur ce problème de spécialistes ? Eh bien oui, car il répond assez exactement à son titre. C’est-à-dire qu’il détaille ce que Grégory Turpin a découvert pour lui-même, dans la Bible, sur la question de savoir si nous pouvions vraiment nous définir comme enfants de Dieu, et considérer cela comme un privilège inouï qui allait donner un sens à notre vie, comme à celle de tous nos frères (en Dieu).
Cela passe par la relecture de la parabole du Fils prodigue ou par la redécouverte du sens du sacrifice d’Isaac par son père Abraham... Mais ce livre est aussi, à l’occasion, un témoignage personnel pudique qui rencontrera la sensibilité de tous ceux pour qui le plus grand obstacle à la compréhension de la paternité de Dieu passe par une expérience humaine difficile avec leur propre père... Au-delà de cette blessure très répandue, notamment pour ceux qui n’ont pas su ou pu pardonner à leurs parents leurs insuffisances éducatrices, il s’agit de montrer que le désir d’être enfant caractérise toute notre humanité, avant celui d’engendrer qui est également si profondément inscrit dans notre nature profonde, notre instinct...
Grégory Turpin a affiné son discours au cours de sessions d’accompagnement spirituel sur Internet. Des milliers de personnes inscrites à ses « retraites en ligne », encore récemment pour le Carême 2021, et qui l’ont suivi plusieurs semaines de suite chaque jour ! De quoi épurer la formulation de beaucoup d’arguments peut-être très valables intellectuellement mais qui, pour ce temps et ces gens, ne portent pas. On serait tenté de dire que missionnaire aussi c’est un métier qui s’apprend... Les prêtres en savent quelque chose.
Ces quelques pages épurées ont une saveur originale. Elles nous font redécouvrir sous un jour nouveau des paroles de Jésus que nous pensions connaître, elle distille des notions que nous possédions sans doute mais pas aussi simplement... avec des conseils pratiques qui nous ramènent de la théorie à une relation plus vraie avec nous-même et à la prière.
Il est possible que ce livre jubilatoire vous permette de comprendre qu’ « il est urgent de sortir un peu de nous-même et de nous intéresser aux autres. Et nous avons véritablement besoin de sortir de notre confort et même de nos églises ! Dieu nous y invite. Nous avons la mission d’annoncer l’Évangile, afin de révéler l’Amour du Père à un maximum de gens ». Mais l’auteur cadre immédiatement votre éventuelle ardeur nouvelle, en rappelant que cela doit se passer en Église. Celle-ci est aussi le corps du Christ (un autre mystère à éclaircir dans un prochain opuscule ?).
En tout cas, ce livre-là peut vous convaincre que vous avez reçu de Dieu beaucoup plus que ce que vous pensiez et que, donc, vous pouvez à votre tour donner beaucoup gratuitement. Les choses sont dites modestement, simplement et avec le sens poétique qui caractérise cet auteur de chansons douces et souvent chorales.
Frédéric Aimard
Grégory Turpin, Ce que j’ai découvert sur le Père, éditions Première partie, 126 pages, 14 euros.