Un évangéliste danois défie les chrétiens et leur propose de démontrer la puissance de Dieu dans les rues. Interview
Nul doute que s’il avait initié son mouvement à notre époque, le fondateur de Jeunesse En Mission aurait eu une idée similaire pour occuper les désoeuvrés des églises.
Le révolutionnaire évangéliste danois Torben Søndergaard lance sa « Dernière Réforme » (The Last Reformation), un concept simple et percutant : la démonstration de la puissance de Dieu par la prédication, la prière de guérison et le baptême de l’Esprit Saint, directement dans la rue, chez les gens, dans les endroits publics, etc. Il en a tiré un film coup-de-poing (visible en intégralité en bas de cette page) et invite chacun à rejoindre son réseau en croissance exponentielle pour faire de même, tout simplement. Interview.
Bonjour Torben. Comme beaucoup de nos lecteurs français ne te connaissent pas encore, pourrais-tu te présenter brièvement ?
J’ai 39 ans et je vis au Danemark avec ma famille. Je viens d’un milieu non-chrétien et c’est à l’âge de 18 ans que j’ai rencontré Dieu et suis devenu chrétien. Depuis lors, j’ai implanté des églises pendant de nombreuses années, travaillant en tant qu’évangéliste.
The Last Reformation (en français « La Dernière Réforme »), c’est quoi exactement ? Luther n’a-t-il pas déjà réformé l’Église ? Dieu n’aurait-il pas été fidèle ? Pourquoi prêches-tu la nécessité d’une autre réforme ?
The Last Reformation a commencé avec un livre du même nom et dont je suis l’auteur. Il parle de se lever pour s’engager dans une nouvelle réforme. Une réforme qui n’interroge pas seulement nos doctrines, mais le système de l’Église, nous montrant concrètement comment nous réunir, comment faire des disciples et comment prêcher l’Evangile. La Réforme de Martin Luther s’est appuyée principalement sur des doctrines et sur le retour à la lecture de la Bible. Pourtant, la Réforme n’a pas été complète puisqu’elle n’a pas permis à l’église Catholique de revenir au baptême d’eau par immersion des croyants, comme l’enseigne la Bible, ni au baptême du Saint Esprit.
« Nous n’avons que deux choix : soit perpétrer nos traditions, soit revenir au Livre des Actes »Une autre chose que la Réforme de Luther n’a pas permis de transformer, c’est le fonctionnement de l’Église. Les églises luthériennes d’aujourd’hui ressemblent énormément aux églises catholiques dans la forme du culte, les bâtiments, les prêtres, etc. Ces choses étaient absentes dans les premiers siècles du Christianisme. Luther a apporté beaucoup de bonnes choses, mais malheureusement aussi beaucoup de mauvaises. Il a poussé des gens à s’entretuer et d’autre part il avait une forte haine des Juifs.
Dire que le Seigneur a été fidèle est très relatif : il faut préciser de quels domaines de la Réforme on parle. Ce qui est sûr en tout cas, c’est que Luther n’a pas réformé l’Église pour la faire revenir au modèle que l’on voit dans le Livre des Actes. Nous avons besoin d’une nouvelle réforme pour revenir aux fondements. Nous devons revenir à la Bible ! Deux choix s’offrent à nous : nous pouvons continuer à l’identique dans nos dénominations d’églises, en continuant à construire sur nos traditions ; ou bien nous pouvons dire que ce que la Bible nous montre, et le Livre des Actes en particulier, est la vérité. Et si nos traditions vont à l’encontre de ce que nous lisons dans le Livre des Actes, balayons-les !
Nous avons tout essayé : la prière, le baptême d’eau, le jeûne, la chasse aux démons, la louange. Au final, nous sommes restés assis sur les bancs de nos églises à attendre un « Réveil ». Avons-nous manqué quelque chose ? Y a-t-il PLUS ?
Jésus nous a enseigné la parabole du vin nouveau et des vieilles outres. Nous sommes souvent restés dans nos vieilles outres (traditions d’églises, structures, salariés et toujours plus de rassemblements) et par conséquent, nous ne faisons réellement l’expérience du vin nouveau que de temps à autre. Ce n’est pas le vin nouveau qui est en cause, mais ce sont les outres contenant ce vin ! Si nous voulons que cette expérience soit plus fréquente et devienne un mouvement, où chaque croyant ait sa place et soit actif, nous avons alors besoin de remettre en cause nos structures, nos « outres » - et pas seulement notre vin.
Tu enseignes qu’il faut sortir dans la rue et se mettre en mouvement pour guérir les malades. La musique, c’est donc fini ? Plus de mimes ? Plus de danses ou de « flashmobs » pour attirer l’attention ? Prêcher en plein-air et guérir les malades, c’est vraiment biblique ?
Le Livre des Actes est un livre extraordinaire car il nous donne un aperçu de l’Église primitive et de le vie des premiers chrétiens. Ils vivaient sans tous les instruments de musique que nous possédons, sans panneaux d’affichage, sans Facebook ni internet. Ils sortaient et, par la puissance de l’Esprit, en chemin les vies des gens étaient transformées. Leur priorité, ce n’était pas de faire des réunions attractives. Ils concentraient leurs efforts à équiper les croyants pour aller où était la moisson. Je crois que rien n’a changé aujourd’hui : ce qui pose problème, ce n’est pas la moisson mais le manque d’ouvriers. Mais dès que nous équipons les saints pour sortir et porter du fruit, nous commencerons à expérimenter que Jésus marche avec nous et qu’Il confirme Sa Parole par des signes et des prodiges.
Qui peut aller dans la rue ? Qui peut imposer les mains aux malades, prêcher ? Qui peut prier pour que les gens reçoivent le baptême dans le Saint-Esprit ?
Un nouveau converti a moins de freins doctrinaux pour sortir dans la rueChaque croyant, même tout jeune, peut faire le travail que Christ nous demande. Nous ne recevons pas un petit Saint-Esprit qui aurait besoin de grandir durant de nombreuses années au sein d’une église. Non ! Dès la conversion, nous recevons le même Esprit que Jésus avait en Lui. Quand vous comprenez cela, vous ne tardez pas à réaliser que Dieu peut vous utiliser. En général, les nouveaux croyants ne disent pas : « Peut-être que je n’ai pas ce don » ou encore « Pourquoi ça ne marche pas ? » Toutes ces peurs et ces doutes viennent de nos églises et plus particulièrement de leurs enseignements. Allons dès que possible dans la rue. Faisons l’expérience que Jésus est réel et que Ses signes suivent ceux qui croient en Lui, et pas seulement ceux qui restent assis à l’église pendant des années, qui assistent à de nombreux séminaires ou encore qui ont un don spirituel particulier.
Soyons sérieux ! Tu encourages vraiment à baptiser tout de suite et en public les nouveaux convertis ? Est-ce que les laïcs peuvent aussi baptiser ? Es-tu un ennemi des églises instituées ?
Dans le chapitre 8 du Livre des Actes, on voit Philipe enseigner l’Évangile à un eunuque. On ne sait pas ce que Philippe a prêché, mais on voit que la réponse est : « Voici de l’eau : qu’est-ce qui empêche que je sois baptisé ? » La réponse à la Bonne Nouvelle dans l’Église primitive a toujours été le baptême. Si nous commençons à prêcher à nouveau un Évangile biblique centré sur la repentance envers Dieu, le baptême en Jésus-Christ et le baptême dans le Saint Esprit, alors nous baptiserons immédiatement ceux qui se repentent.
Souvent avec les vêtements qu’ils portent ce jour-là, peu importe, ou parfois un peu plus tard. Parfois dans une baignoire, ou parfois dans l’océan. Posons-nous la question : qui détient l’autorité pour décréter qui peut ou bien qui n’est pas autorisé à le faire ? Est-ce le mouvement baptiste, le mouvement évangélique, le mouvement pentecôtiste ? Ces personnes ont-elles reçu l’autorité de Jésus pour dire qui peut baptiser ou pas ? Non, car la seule personne qui a l’autorité pour cela est Jésus-Christ. Et il a non seulement déclaré qu’il est bon de baptiser, mais en fait il nous a même ordonné, nous ses disciples, d’aller et de baptiser.
Tout croyant peut baptiser, ce sont les institutions qui enseignent le contraireDonc, à moins de Lui désobéir, nous devons baptiser les nouveaux convertis. J’aime Jésus. J’aime son cœur. Et je crois que tout ce que Jésus a fait, c’était par amour. Même lorsqu’il a réprimandé les pharisiens qui empêchaient son peuple d’entrer dans le Royaume de Dieu. Je ne suis pas contre les églises ou contre ceux qui y travaillent, mais je ressens les mêmes sentiments que Jésus, et parfois la même colère, lorsque les églises, par leurs institutions, empêchent les croyants de suivre Jésus et de véritablement entrer dans Son Royaume. C’est pourquoi je ne ferai jamais de compromis avec la vérité, au nom du maintien d’une fausse unité.
Lors du « kickstart » de Jacksonville (Floride) du 10 au 12 juin 2016, 300 nouveaux convertis ont été baptisés.
Tu proposes à chacun d’entre nous, les « timides », d’être « kickstartés ». Peux-tu nous en dire un peu plus ?
Le « kickstarting », ce n’est pas seulement de sortir et guérir les malades. Ce n’est pas seulement prêcher l’Évangile, ou baptiser ou encore se réunir pour louer Dieu. C’est tout cela à la fois ! Et « kickstarter » les croyants, c’est seulement une des nombreuses choses que la Bible nous ordonne de pratiquer. Le concept du « kickstarting » a été pour des milliers de personnes le début de leur expérience de marche dans la vie surnaturelle de Christ.
Quand et où peut-on suivre ces sessions « kickstart » ? Sur ton site internet, elles semblent toutes complètes ! Ton mouvement n’est-il pas victime de son succès ? Et une personne « kickstartée » peut-elle à son tour « kickstarter » une autre personne ? Et dans ce cas, est-ce la même chose que de venir à une session de « kickstart » avec toi personnellement ?
De plus en plus d’endroits proposent nos sessions de « kickstarting », et sur le site TheLastReformation.com, il est possible de s’inscrire à une des sessions. Le mouvement dépasse largement l’endroit où nous nous trouvons, à Aalborg, au Danemark. Si c’est complet ici, ce n’est pas forcément le cas à d’autres endroits. Ceux qui le souhaitent peuvent aller goûter à cette nouvelle vie dans plein d’autres endroits. A cette fin, nous avons créé une carte interactive sur notre site web, où des milliers de personnes proches de chez vous sont déjà inscrites et peuvent être contactées. Cela conduit chaque jour à de merveilleuses expériences. De cette façon-là, nous ne sommes pas seulement appelés à être des disciples, mais à faire des disciples. Dès lors, aussitôt qu’une personne se réveille et réalise sa condition de disciple de Christ, elle est appelée à donner aux autres le meilleur d’elle-même. Alors oui, effectivement, tout le monde peut le faire. Nul besoin que quelqu’un nous impose les mains et nous transmette une onction spéciale. Nul besoin non plus que quelqu’un nous « kickstarte » : nous pouvons très bien sortir et nous « kickstarter » tout seul !
Torben, où te vois-tu dans 5 ans ? PDG millionnaire, vendant des livres sur le concept du « kickstarting » ou plutôt comme un Moïse qui disait : « Je désire que le peuple de Dieu tout entier prophétise et que le Seigneur envoie son Esprit sur chacun d’eux ». Comment penses-tu empêcher ton mouvement de... devenir un mouvement et de sombrer dans des dérives comme, par exemple, les Jesus People en ont connu voici 40 ans ?
Le monde a besoin de leaders. Le leadership est important. La Bible le dit. Mais Jésus nous a donné le modèle à suivre en lavant les pieds de ses disciples et en les servant. Et Jésus a aussi dit : « Il est préférable pour vous que je parte. » Pourquoi ? Parce qu’il était avantageux pour Ses disciples qu’Il s’en aille et leur donne le Saint-Esprit. Les leaders doivent partir pour rendre les gens dépendants du Saint-EspritC’est la même chose aujourd’hui : il serait préférable que les gens soient dépendants du Saint-Esprit et non de leaders. C’est pourquoi notre unique objectif est de former et d’équiper, puis d’envoyer les gens, laissant le Saint-Esprit agir. En faisant cela, nous ne sommes pas en train d’édifier un immense empire au Danemark. Mais nous voyons plutôt un mouvement de croyants s’étendre partout sur la planète, croyants qui ne dépendent pas de Torben Søndergaard ou d’autres personnes, mais seulement du Saint-Esprit.
Merci de nous avoir accordé de ton temps Torben. Une dernière question : comment pouvons-nous t’aider et devenir partenaires dans la moisson avec toi ? Acceptes-tu les églises ou seulement les individus ?
Nous travaillons avec plusieurs catégories de personnes : des gens qui font partie d’églises et d’autres qui ont quitté leur église. Ces personnes décident dans leur cœur en fonction de ce que le Saint-Esprit leur montre. Le plus important est d’écouter le Saint-Esprit.
Vous pouvez nous soutenir en diffusant le message, notamment le film The Last Reformation - The Beginning, que l’on peut voir et télécharger gratuitement sur internet en plusieurs langues. Vous pouvez également regarder et diffuser les vidéos de la Pioneer School, l’école des pionniers. Et surtout, vous pouvez sortir dans la rue pour être des ouvriers dans la moisson, là où vous êtes !
Propos recueillis par Carine Phung Van et Nicolas Ciarapica.
» La dernière réforme (site français)
» La carte des membres du réseau
Petit lexique
Le baptême, ou baptême d’eau, désigne le fait d’être immergé dans l’eau. Bibliquement, le baptême d’eau est un baptême par immersion car, en grec, bapto veut dire être trempé, plongé, immergé. C’est pourquoi Martin Luther a prôné un retour à ce baptême biblique lors de sa Réforme. Torben a réalisé plusieurs vidéos sur sa vision du baptême, avec quelques indications pratiques pour que les personnes soient baptisées selon leur foi.
Baptiser dans le Saint Esprit : Jésus a dit à ses disciples qu’il leur enverrait une puissance, le Saint Esprit. Et Jean a dit : « Moi, je vous baptise d’eau ; mais celui qui vient, (…) vous baptisera du Saint-Esprit et de feu. » Et c’est ce qui s’est passé lors de la Pentecôte, où de nombreux croyants ont été baptisés du Saint-Esprit et ont commencé à s’exprimer dans des langues qu’ils n’avaient jamais apprises. Ce baptême du Saint-Esprit s’accompagne de signes, dont le parler en langues. Recevoir le Saint-Esprit devrait être une expérience qui accompagne la conversion de tout croyant. Mais il n’est jamais trop tard pour le recevoir. Pour cela il suffit de le demander dans la prière, ou encore de demander à ce qu’une personne l’ayant reçu prie pour nous.
Église / église : L’Église concerne le corps du Christ (ecclesia en grec signifie se rassembler), tel qu’il est appelé à être, à savoir celui d’une épouse pure et sans tâches, ayant sa lampe à huile pleine — et donc remplie du Saint-Esprit —, avec lequel Jésus pourra s’unir totalement. L’église quant à elle désigne les structures que nous en avons faites.
Guérir / prier pour les malades : il s’agit de prier pour la guérison d’une douleur, maladie, ou autre problème, et ce avec l’autorité que nous a donné Jésus par Son Saint-Esprit. Lorsque Torben prie pour les gens dans la rue (ou ailleurs), il privilégie les prières courtes, en ordonnant au mal concerné de quitter de corps de la personne. La brièveté des prières permet non seulement de saisir que cela ne vient pas de nous, mais également de proposer plusieurs fois la prière, si la guérison n’est pas complète ou si elle n’est pas totale.
Le kickstarting désigne l’action de « kickstarter », autrement dit de « démarrer » quelqu’un à suivre Jésus et être un disciple en guérissant les malades au nom de Jésus, en chassant les démons, prêchant la Bonne Nouvelle, baptisant, etc. Comme si l’on allumait un moteur car souvent ce qui freine les gens est le fait de ne l’avoir jamais fait et de ne pas avoir de modèle pour cela. Le « kickstarting » permet également d’« allumer » la foi en constatant que… ça roule !