Un évangélique à Paray le Monial : 7 questions au pasteur Eric Célérier

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Revoyez ici le REPLAY de l’enseignement d’Eric Célérier à Paray le Monial (avancez jusqu’à 14:40 pour le début). Partagez sur Facebook pour inviter vos ami(e)s 🙂

Eric, tu vas prêcher à Paray le Monial, haut-lieu de la piété mariale, le 29 juillet, à 11h. Qui sont les organisateurs, qui est à l’initiative de ta présence là-bas et pourquoi avoir accepté ?

Je suppose que le Seigneur lui-même est à l’initiative de ma présence prochaine à Paray-le-Monial car d’un point de vue humain cela semble totalement impossible.

Il y a un peu plus de 5 ans, j’étais assis devant Notre Dame, à Paris, avec deux collègues pasteurs. Je regardais les touristes qui entraient dans l’église et j’ai dit à mes amis : “Imaginez si l’on pouvait évangéliser avec une petite carte ou une affiche les millions de touristes qui visitent chaque année une église catholique en France”. J’ai commencé à réfléchir sur un concept de site Internet.

Quelques années plus tard, deux responsables de la communauté de l’Emmanuel* ont souhaité me rencontrer pour savoir si je pouvais les aider dans le cadre d’un projet d’évangélisation par Internet. C’est David Bonhomme, un jeune entrepreneur dans le domaine des nouvelles technologies, qui leur avait parlé de moi et je le remercie beaucoup pour cela. Ils ont été surpris quand je leur ai dit : “Je suis tellement heureux de vous rencontrer, cela fait 5 ans que je vous attendais.” Depuis notre rencontre, déjà deux sites ont vu le jour et un troisième est en préparation.

C’était une véritable connexion divine ! J’ai découvert des frères qui aiment Jésus de tout leur coeur et qui ont vraiment ce désir que l’ensemble des catholiques mais également toutes les personnes en périphérie de l’église, aient une relation encore plus forte avec Jésus. Nous avons développé une réelle amitié, un respect mutuel et cela les a conduits à vouloir m’inviter lors d’une de leurs sessions d’été à Paray-le-Monial. Ils m’ont demandé si je voulais bien apporter un enseignement le jour de la prière pour les malades, le 29 juillet, à 11h. C’est une journée spéciale durant laquelle des milliers de personnes viennent pour recevoir la prière.

Je me suis souvenu de cette parole de Jésus qui a dit :

« Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin, mais les malades. Allez, et apprenez ce que signifie : Je prends plaisir à la miséricorde, et non aux sacrifices. Car je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs ».
Mat. 9.12-13

Il y a environ 2 ans, le Seigneur m’avait montré qu’il allait m’ouvrir une porte pour prêcher au milieu des catholiquesDe plus, il y a environ 2 ans, le Seigneur m’avait clairement montré qu’il allait m’ouvrir une porte pour prêcher au milieu des catholiques.

Cela semblait invraisemblable car je n’avais aucune connexion particulière avec eux. Mais c’était tellement clair que j’en avais fait part à notre Conseil de Gouvernance (une équipe de pasteurs expérimentés) ainsi qu’à l’équipe du TopChrétien. Et j’avais reçu leur bénédiction.

Par la suite j’ai rencontré le modérateur (responsable) de la communauté de l’Emmanuel, un homme de coeur, et mon invitation a été confirmée. Je me sens très honoré d’aller apporter la parole à Paray-le-Monial. Je le fais avec humilité et croyant de tout coeur, que ce jour là, Jésus va manifester sa présence. Merci de prier pour moi selon Actes 4.29-30 :

« Donne à tes serviteurs d’annoncer ta parole avec une pleine assurance, en étendant ta main, pour qu’il se fasse des guérisons, des miracles et des prodiges, par le nom de ton saint serviteur Jésus. »

* La Communauté de l’Emmanuel a apporté un renouveau dans l’Eglise catholique en France en mettant particulièrement l’accent sur la relation personnelle à Christ et les charismes de l’Esprit Saint. Tous les étés, à Paray-le-Monial, elle accueille plus de 30 000 personnes pour ses sessions de prière, louange et formation à la vie spirituelle.

Dans l’esprit et la piété catholique, la Vierge Marie présente à un Jésus un peu “courroucé” des requêtes que son cœur de “mère” comprend mieux. N’avons-nous pas là une forme de contrefaçon de l’action de l’Esprit Saint, dont c’est la mission ?

J’aimerais répondre à cette question par ce verset qui me vient à l’esprit  :

« Car il y a un seul Dieu, et aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus Christ homme, qui s’est donné lui-même en rançon pour tous. »
1 Tim. 2.5-6

Il n’y a qu’un seul Dieu : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Rien, ni personne ne peut remplacer le rôle de l’Esprit Saint, pas plus que le rôle du Père ou celui du Fils. Mais certaines personnes ont joué un rôle capital dans l’histoire du Christianisme et la personne qui a joué le plus grand rôle est sans aucun doute Marie.

« Toutes les générations me diront bienheureuse ». (Luc 1.49) Alors, permettez-moi de l’affirmer avec la Bible !

La place de Marie, dans la Bible, est tout simplement extraordinaire.En disant cela, je précise que je ne voue pas un culte à Marie. Cependant, je crois que la place de Marie, dans la Bible, est tout simplement extraordinaire. Et parfois, nous, protestants ou évangéliques, avons plutôt dénaturé le rôle de Marie. Peut-être par réaction à un abus inverse ? Marie est une femme choisie par Dieu pour porter le Sauveur du monde. Une grâce magnifique lui a été faite. J’ai souvent entendu ou prêché des messages sur Paul, Pierre, Marie Madeleine, Marthe et Marie, etc… mais très peu sur Marie, la mère de Jésus. Le Pasteur Carlos Payan a écrit un très bon livre sur Marie appelé « Comme Marie ». Il se penche, avec une grande sincérité, sur la mère du Seigneur, dont la présence a été si discrète mais constante auprès de son fils Jésus, depuis l’Annonciation jusqu’à la Pentecôte, en passant bien sûr par la croix et la résurrection.

On entend souvent des gens mettre en garde contre “Babylone”, la religion qui mélange magie et Esprit Saint. Comment nous garder des “mélanges” d’onction ?

Certains chrétiens ont oublié de vivre, de se réjouir, d’annoncer la Bonne NouvelleJe ne suis pas un spécialiste de la grande Babylone, ni de la fin de temps. J’ai souvent entendu des chrétiens évangéliques mettre en garde et critiquer farouchement l’église catholique. Je me souviens, étant jeune pasteur, d’un chrétien qui n’arrêtait pas de me rebattre les oreilles avec cela. Pour lui, tel Cardinal était l’antéchrist car il était juif… Ce Cardinal, paix à son âme, est décédé entre temps. Depuis, d’autres légendes « évangéliques » sont hélas apparues : on entend parler d’illuminati et de toutes sortes de théories et jugements à l’emporte pièce. Certains chrétiens ont oublié de vivre, de se réjouir, d’annoncer la Bonne Nouvelle, de prendre soin des pauvres et même de leur propre famille tant il sont obsédés par la fin des temps. Je crois que nous ne devons pas avoir peur de ceux qui sont différents de nous. Nous jugeons trop facilement. Nous condamnons à la légère. Et en faisant cela nous faisons l’oeuvre de l’ennemi. Dieu aime les catholiques et nous devons les aimer également. En tous cas Dieu a mis dans mon coeur un amour sincère pour eux.

Je suis Catholique (“catholique” signifie en latin “universel”) et Œcuménique (qui signifie la même chose en grec) car membre de l’Eglise du Christ dans ce monde, mais non “Romain”, car de mon point de vue l’Eglise ne peut pas être Universelle et… de Rome. Et toi Eric ?

Je suis Catholique, Evangélique, Protestant. Je suis sur le CEP.Je suis Catholique, Evangélique, Protestant. Si vous prenez la première lettre de chaque mot, cela donne CEP. Comme tout croyant authentique, je suis attaché au CEP. Il s’appelle Jésus. Il est le cep et je suis une branche. Ce qui est important pour le Seigneur c’est que ce sarment que je suis, porte du fruit, beaucoup de fruit et du fruit qui demeure. Sans lui je ne peux rien faire.

Nous aimons bien coller des étiquettes sur les gens. Tu es quoi toi ? Comme si catholique ou protestant ou évangélique nous définissait. Moi je suis disciple de Jésus-Christ. C’est dans une église catholique, alors que j’avais une dizaine d’années que j’ai fait ma première expérience avec Dieu. J’ai confessé mes péchés au prêtre et vous savez quoi… ? Ce jour là j’ai expérimenté le pardon et la paix de Dieu. Je ne l’oublierai jamais !

Ce qui compte c’est ce qui se passe dans notre relation au Christ. J’ai trouvé des frères et soeurs qui aiment Jésus de tout leur coeur chez les catholiques, chez les évangéliques et chez les protestants. Cela prend parfois une forme et des pratiques différentes qui ne me conviennent pas toujours et qui peuvent heurter ma sensibilité. A l’inverse j’ai aussi trouvé, dans les différents milieux, des gens religieux, des personnes « de système » qui ne s’intéressent pas vraiment au premier commandement, selon Jésus :

« Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. C’est le premier et le plus grand commandement. Et voici le second, qui lui est semblable : “Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes. »
Mat 22.37-40

Je crois dans l’Église universelle. Je crois que Jésus reviendra chercher son Église, celle qui est faite de tous ceux qui reconnaissent Jésus-Christ comme leur Sauveur et Seigneur, quelle que soit leur confession. Ceux là ont placé l’amour pour Dieu et pour leur prochain avant le reste.

Que dirais-tu à une personne qui croit sincèrement que Jésus a dit à l’apôtre Pierre que c’est sur lui, sur la personne de Pierre, qu’Il bâtirait Son Église ?

Je lui dirais que Jésus-Christ est LA pierre sur laquelle l’Eglise est bâtie. « Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus Christ lui-même étant la pierre angulaire. » (Eph 2.20) C’est son église. Il en est le chef. Ensuite je lui dirais qu’il se sert d’hommes et de femmes pour bâtir Son église. Dans ce verset il est parlé du fondement des apôtres et des prophètes, donc des hommes.

Nous aussi sommes successeurs de l’apôtre Pierre, des « petits cailloux » insignifiantsQuand Jésus a dit à Pierre : « Et moi, je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Église » (Mat 16.18) Jésus a fait un jeu de mot. Tu es « Petros » et sur cette « petra » je bâtirai mon église. Il voulait signifier le rôle crucial que Pierre aurait. Pierre venant justement de déclarer, par une révélation du Saint-Esprit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ». Pierre a été l’instrument de la croissance exponentielle de l’église le jour de la Pentecôte. Près de 3000 personnes ont répondu à sa prédication et se sont fait baptiser. J’apprécie vraiment cet homme, avec toutes ses faiblesses et son incroyable résilience. Il me plaît beaucoup car je peux m’identifier à lui...

Nous sommes nous aussi, en quelque sorte, des successeurs de l’apôtre Pierre. Nous aussi nous sommes des « petits cailloux » insignifiants dont Jésus, dans sa grâce, désire se servir pour continuer à bâtir son Église. Et pour continuer avec les jeux de mots la Bible ne dit-elle pas que nous sommes des pierres ?

Pour l’église catholique, le Pape a un rôle central et les chrétiens catholiques le considèrent comme le successeur de l’apôtre Pierre. J’apprécie sincèrement le Pape François. Si vous lisez sa lettre apostolique pour le Jubilé de la Miséricorde (une année spéciale pour l’église catholique) vous serez très étonné de voir que beaucoup plus de choses nous rapprochent que nous ne pourrions le penser. D’ailleurs le pape François a demandé, en ce début d’année, “miséricorde et pardon pour les comportements non évangéliques de catholiques à l’égard des chrétiens d’autres églises” (voir article sur InfoChrétienne). Une démarche que de nombreux chrétiens, dont moi, ont particulièrement appréciée. Le pardon et la miséricorde sont deux vertus essentielles qui rassemblent les chrétiens. « Heureux les miséricordieux car ils obtiendront miséricorde » a dit Jésus.

Lors de la procession des vêpres à 17h, le prêtre lit à haute voix l’évangile de Marc et le passage sur la guérison de la femme à la perte de sang. Dans la foule, une personne entend, croit, demande à Dieu sa guérison, et elle l’obtient. Qui a guéri cette personne d’après toi ?

Je crois que Jésus guérit partout et en tout lieu et particulièrement quand sa parole est annoncée. Jésus se plaisait à guérir les jours de sabbat et dans des lieux improbables. Ainsi la foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la parole de Christ. (Rom. 10.17) Peut-être qu’une personne qui lira cette interview sera touchée et guérie. C’est ma prière.

Quel sera ton message aux Catholiques ce 29 Juillet ?

En partant du récit de la guérison d’un homme malade à la piscine de Bethesda, je vais prêcher Jésus, seul nom donné aux hommes par lequel nous pouvons être sauvés.

Voici un extrait de mon message...

Quand Jésus entre à Bethesda, dans la maison de la miséricorde, c’est bien plus qu’un ange qui entre ; c’est Dieu lui-même. C’est bien plus qu’un mouvement de l’eau, c’est un mouvement de vie, c’est la source de toute vie. C’est la parole de Dieu faite chair. C’est celui au nom duquel tout est soumis dans le ciel et sur la terre. C’est le Seigneur. C’est le Dieu tout puissant.

Emmanuel c’est aussi le nom de Jésus. Il signifie « Dieu avec nous ». Cet homme (couché à la piscine de Bethesda) se sentait seul et il l’était effectivement ; mais maintenant Emmanuel est avec lui.

Tu n’es plus seul(e). Quelqu’un a vu ta souffrance. Quelqu’un est descendu pour te délivrer. Quelqu’un t’aime profondément toi. Quelqu’un a compassion de toi. Sa miséricorde est pour toi. Il n’est pas trop tard. Tout n’est pas fini. Jésus est là. Il est la réponse de Dieu. Il est ton ami. Il est l’ami des pécheurs, des malades, de ceux qui sont rejetés ou méprisés. Il s’approche de toi, le coeur brûlant d’amour et le regard rempli de compassion.

Merci beaucoup pour tes réponses Eric.

Merci Nicolas pour cette interview et à Info Chrétienne de m’avoir donné la parole, et merci à celles et ceux qui auront pris le temps de lire mes réponses jusqu’à la fin. J’ai répondu avec tout mon coeur. J’ai la conviction que je dois être à Paray-le-Monial et y apporter ce message d’espoir pour ceux qui sont perdus et désespérés. Je prie que beaucoup rencontrent Jésus, le ressuscité. Qu’ils soient sauvés, bénis et guéris.

Je sais que les relations catholiques / évangéliques / protestants sans oublier nos amis orthodoxes ou anglicans ont parfois été très compliquées dans le passé. Il y a des craintes légitimes de part et d’autre. Mais, quand je considère la situation de notre monde et de mon pays, la France, je crois que l’heure est au respect de l’autre et à l’annonce de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ mais surtout à l’amour

« A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »
Jean 13.35

A propos, les autres… c’est qui ?

Propos recueillis par Nicolas Ciarapica


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