Le 29 janvier dernier, un chrétien iranien réfugié en Turquie a été arrêté par les autorités qui l'accusent de ne pas avoir respecté les conditions de demandeur d'asile. L’organisation Article 18, qui vise à protéger la liberté religieuse en Iran, dénonce des pratiques "arbitraires" du gouvernement turc dont le but serait d’expulser les chrétiens iraniens du pays.
En 2013, Mojtaba Keshavarz Ahmadi, un chrétien iranien a été condamné à trois ans de prison pour "propagande contre la République islamique" d'Iran. Pour échapper à la justice iranienne, il a demandé le statut de réfugié. Depuis son arrivée en Turquie, le chrétien iranien n’a toujours pas reçu le statut de réfugié. Selon Article 18, une organisation qui vise à protéger la liberté religieuse en Iran, il "ne fait aucun doute que Mojtaba mérite l'asile".
Morning Star News rapporte que le 29 janvier dernier, le chrétien a été arrêté par les autorités turques qui l'accusent d’avoir quitté sa ville de résidence, attribuée à son arrivée dans le pays, sans en avoir reçu l'autorisation. Un acte interdit par le gouvernement tant que la procédure d'asile n'est pas terminée. Actuellement enfermé dans un centre de détention pour immigrés dans la ville de Ayvacik, près de la mer Egée, Mojtaba Keshavarz Ahmadi, dément cette accusation.
"Tais-toi et accroche-toi fermement à moi !"
Après s’être converti au christianisme en 2002, le chrétien a commencé à parler de sa foi à plusieurs personnes autour de lui et à participer à des réunions entre croyants. En septembre 2010, des policiers ont fait irruption dans une de ces réunions, et ont arrêté ses membres après avoir saisi leurs bibles.
Classé 9e dans l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens 2024 de l'ONG Portes Ouvertes, l'Iran accuse les chrétiens "d’être à la solde de l’Occident et de miner la culture islamique du pays". Dans le pays, les chrétiens qui participent à des cultes dans des églises de maison "s’exposent à des raids de police, des arrestations et des condamnations à de lourdes peines de prison" selon l'organisation.
Mojtaba Keshavarz Ahmadi a été détenu 170 jours dans un centre de détention puis dans la prison d’Arak. Article 18 rapporte les nombreux passages à tabac qu'à vécu le chrétien lors de son séjour en prison.
"Ils m'ont giflé, frappé et donné des coups de pied sur tout le corps, en particulier à la tête et au visage [...] Je ne sais pas combien de temps cela a pris ; je sais seulement que j’ai fini par m’abandonner aux coups de poing et de pied des interrogateurs."
C’est une voix "claire et noble", que l'Iranien affirme avoir entendue dans son cœur, qui lui aurait permis de tenir lors de cette épreuve.
"J'ai entendu une voix claire et noble dans mon cœur, disant : 'Tais-toi et accroche-toi fermement à moi !' Cette voix dans mon cœur m'a donné une force surnaturelle. Dans ces moments-là, c'était seulement Jésus-Christ qui a pu me donner la force de supporter la torture physique et mentale et d’être capable de m’accrocher fermement et courageusement à toutes mes croyances, et de ne pas les nier.”
Dans un rapport publié le 20 juin 2023, l’organisation Article 18 a dénoncé le sort des réfugiés chrétiens iraniens en Turquie. "Il existe une tendance inquiétante selon laquelle des personnes ayant des demandes d'asile valides sont placées dans ces camps, apparemment arbitrairement", souligne-t-elle.
Mélanie Boukorras