Un chrétien arménien emprisonné en Iran dénonce des violences psychologiques

Un chrétien arménien emprisonné en Iran dénonce des violences psychologiques

Dans une lettre rendue publique le 9 mai, Hakop Gochumyan, chrétien arménien emprisonné en Iran depuis août 2023, accuse les autorités iraniennes de graves violations des droits humains. 

"Je m'appelle Hakop Gochumyan, je suis citoyen arménien. Depuis le 15 août 2023, je suis détenu en Iran en raison de ma foi chrétienne, accusé à tort d'avoir prêché et enseigné le christianisme", écrit le chrétien dans une lettre publiée par l’organisation Christian Solidarity Worldwide (CSW).

Dans ce témoignage, le père de famille de 35 ans raconte les conditions de détention qu’il endure depuis son arrestation, survenue alors qu’il était en vacances avec son épouse et leurs deux enfants près de Téhéran. Il affirme avoir été condamné en février 2024 à dix ans de prison et à une amende de 50 millions de tomans (environ 700 euros), à l’issue d’un procès marqué, selon ses mots, par des "accusations fabriquées de toutes pièces" et des "violations graves des droits humains".

Privé de défense, menacé de mort

"L’enquête a été menée sans avocat ni traducteur. Ma famille a reçu des menaces de mort. Moi-même, j’ai été soumis à des violences psychologiques". "Ils ont avoué sans honte le meurtre brutal de Haik Hovsepian, un pasteur iranien, et ont dit qu’ils me tueraient de la même manière", écrit encore le chrétien.

Le dossier d’accusation, selon lui, repose sur des éléments absurdes, comme le fait qu’il mènerait des "croisades pour détruire la République islamique" ou qu’il "insufflerait aux enfants baloutches le rêve d’avoir du pain, de l’eau, des jouets et une éducation".

Une condamnation fondée sur "l’intuition" du juge

Selon l’ONG Article 18, Hakop Gochumyan est notamment accusé d’avoir possédé sept Nouveaux Testaments en langue farsi – ce qui est interdit en Iran – et d’avoir fréquenté deux églises arméniennes ainsi qu’une église de maison. Des éléments que son avocat a qualifiés d’insuffisants, précisant que le juge s’est appuyé sur l’article 160 du Code pénal islamique, qui permet de fonder un verdict sur la simple "conviction personnelle" du magistrat, en l’absence de preuves concrètes.

Arrêtée en même temps que lui, son épouse Elisa Shahvardian a été libérée sous caution en octobre 2023. Après quoi, elle a pu rejoindre leurs deux enfants, âgés de 7 et 10 ans, qui avaient été temporairement confiés à un membre de la famille.

Dans sa lettre, Hakop Gochumyan déplore également les obstacles imposés à sa défense : 'Le personnel de sécurité de la prison m’a empêché de rencontrer normalement mon avocat, en enregistrant nos conversations sans autorisation, et m’a également interdit tout contact avec l’ambassade d’Arménie". Tous ses recours, y compris devant la Cour suprême, ont pour le moment été rejetés.

Selon International Christian Concern (ICC), l’affaire de Hakop Gochumyan illustre la situation des chrétiens en Iran : les chrétiens, en particulier les convertis de l’islam, sont régulièrement persécutés, emprisonnés et privés de leurs droits fondamentaux. Prêcher l’Évangile à des non-chrétiens est illégal, et la possession de Bibles en farsi est sévèrement réprimée.

Pourtant, malgré la répression, l’Église chrétienne iranienne continue de croître. D’après ICC, elle est même "l’une des plus dynamiques avec la croissance la plus rapide au monde".

Mervyn Thomas, président de CSW, appelle à une "libération immédiate et inconditionnelle" de Gochumyan, et exhorte la communauté internationale à agir pour "tenir les autorités iraniennes pour responsables de leurs abus répétés contre les droits humains".

Camille Westphal Perrier

Crédit image : International Christian Concern

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