Un Carnet vert : un livre sous forme d'enquête sur les traces d'un pasteur résistant

Un Carnet vert un livre sous forme d'enquête sur les traces d'un pasteur résistant

Lorsque Luc Zbinden découvre un petit carnet vert en novembre 2010, il est loin d’imaginer qu’il s’apprête à plonger dans une enquête qui le mènera de New York à Berlin, d’Auschwitz à Paris. Ce carnet contient les premiers indices d’une histoire oubliée : celle de son grand-père, Paul Zbinden, pasteur suisse installé dans le Gard, qui a risqué sa vie pour protéger une famille juive sous l’Occupation.

Un carnet vert, (en)quête d’origines de Luc Zbinden est plus qu’un simple récit historique : c’est une enquête intime et haletante sur la mémoire, l’héritage familial et la nécessité de témoigner. Ce livre, paru le 7 novembre 2024 aux éditions Favre, s’appuie sur quatorze années de recherches menées par l’auteur pour reconstituer le passé de son grand-père, Paul Zbinden, un pasteur suisse ayant protégé une famille juive durant la Seconde Guerre mondiale.

Tout commence en novembre 2010, lorsque Luc Zbinden découvre un petit carnet vert accompagné d’une phrase énigmatique. Ce simple objet va déclencher une véritable course contre l’oubli. Peu à peu, il recompose un puzzle dont les pièces avaient été dispersées par le chaos de la guerre. Son grand-père, pasteur dans les Cévennes, s’est illustré par un courage silencieux, mettant sa propre vie en péril pour sauver un couple d’artistes juifs et leur fils.

Au fil des indices, Luc Zbinden retrouve Marion Arnstein, unique survivante de sa famille, qui va l’aider à reconstituer les événements. À travers cette quête, il fait revivre les destins tragiques et héroïques de plusieurs familles : les Heller, que son grand-père a protégés, et les Arnstein, victimes de la Shoah.

Une mémoire à transmettre

Loin d’être une simple recherche historique, cette enquête se double d’un impératif de transmission. Enseignant en Suisse, Luc Zbinden n’écrit pas seulement pour lui-même, mais aussi pour ses enfants, ses élèves et un public plus large. Conférences en Israël, en France et en Suisse, interventions pédagogiques : il s’agit de faire connaître ces histoires, de donner corps aux anonymes qui ont traversé la guerre, et de saluer ceux qui, dans l’ombre, ont refusé l’indifférence et l’inaction.

Il interroge également la manière dont nous nous inscrivons dans une lignée, dont nous héritons du passé et comment nous pouvons, à notre tour, le transmettre. 

"Tol’dot : Chaque génération doit poursuivre la marche de ses devanciers vers le terme de l’histoire et le but que le Créateur a assigné à l’aventure humaine. Ainsi, l’individu n’est pas seul, il est intégré dans une humanité qui l’a précédé, de même que dans un temps qui se déroule vers un but."

Comme le souligne Haïm Korsia, grand rabbin de France, dans la préface du livre, l’auteur rend surtout un hommage vibrant au courage et à l’humilité de son grand-père. "Il s’agissait de lutter, en homme de foi, contre ce que Hannah Arendt a appelé la banalité du mal", écrit le rabbin. Ce livre réaffirme ainsi le rôle fondamental des Justes parmi les Nations, ces hommes et femmes qui, malgré le danger, ont choisi l'humanité dans l'une des périodes les plus sombres de notre Histoire.

Camille Westphal Perrier


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