« Tuer Dieu tue » : Une tribune de Virginie Tellenne en réponse à la Une de Charlie Hebdo

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Le 7 janvier 2015, les plus grands noms de la dérision libertaire et bouffeuse de curés étaient abjectement assassinés par les malades de Daech religieusement modifiés. Attentat qu’aucun Satan ne saurait justifier, sauf à le perpétrer lui-même. Cet acte sanguinaire, qui emporta Cabu, Charb, Wolinski et leurs compagnons de dessins, est le blasphème suprême : tuer au nom de Dieu.

Paix à leurs âmes en ce jour.

Cela aurait dû apaiser les survivants devenus par leurs « martyrs athées » de nouveaux héros français. Mais non, au lendemain du massacre, l’esprit Charlie, rescapé du drame mais pas de l’athéisme intégriste, s’est à nouveau manifesté, derrière la légitime émotion du pays, sous un autre blasphème : la caricature du sacré.

A la une de Charlie il y a un an, le prophète était dessiné écrasé d’un pardon trop chrétien. Avec le slogan « Je suis Charlie » entre les mains qui accomplissait le sacrilège de l’Invisible, cette moquerie a humilié 5 millions de musulmans, sincèrement désireux de participer au deuil de la nation. Absents de la manif nationale, ils ont souffert en silence de la vente tonitruante de ces 5 millions de Charlie, comme autant d’injonctions à apostasier. Et qui n’ont réussi qu’à les confirmer dans leur foi et leur communauté.

Un an et 150 victimes plus tard, de toutes religions confondues, Charlie est toujours athée militant. Mais cette fois-ci pas téméraire, l’irrévérence antireligieuse épargne Allah et se replie sur un dieu cacochyme et massacreur, qui, tel le père Noël est une ordure ensanglantée, « court toujours » une kalach en bandoulière. Réjouissons-nous, croyants moqués, le ridicule judéo-chrétien tuera moins.

Sous prétexte d’être libre d’expression, la dérision avilit dans un même geste fatal le bourreau et ses victimes : elle bégaye devant la liberté religieuse, piétine la laïcité chrétienne et en oublie la Une-hommage à ses camarades morts au champ d’honneur de l’obscurantisme. Même la plaque mortuaire est loupée ! Surtout, on découvre la terrible vérité. Comment Dieu peut-il être assassin alors même qu’il n’existe pas ?

Face à la crise et à la mort – provoquées par la même déréliction de l’âme – les rebelles à Dieu tiennent la solution : continuer de ricaner gratuitement et de s’essuyer les pieds sur le sacré universel, au nom des droits de l’Homme. Mais au pays de la fille aînée de l’Eglise, tuer Dieu ne mène nulle part, sauf au néant la société et à sa perte l’humanité. Parce que Dieu est notre intime, les attaques incessantes contre Lui rendent assassin. Tuer Dieu tue l’homme et massacre ses droits. Rire de Dieu divise une société déjà polyfragmentée.

Est-ce cela l’« unité nationale » ?

Rire avec Dieu sauve

S’il y a bien un être spirituel, que nous voulons en notre profonde compagnie, c’est Dieu. Dieu est humour, ce doux mélange d’humilité et d’amour. Oui, Dieu nous sort de notre sinistre isolement, il nous élève vers ce qui nous dépasse, comme un bon fou-rire nous sort de nous pour nous relier à tous ceux qui communient dans la même hilarité heureuse ; celle du bien-être de la joie. Car jamais l’humour, le vrai, ne souille : ni l’amitié, ni l’amour, ni le lien entre les citoyens. L’humour rajeunit l’âme.

Le 4 décembre 2015, Laurent Violet, chantre de l’humour noir et de l’amour vrai, est mort. II avait 50 ans. Il était insolent : la preuve, il s’était fait virer de France Inter. Il disait ne pas croire, mais jamais il ne s’est moqué de ceux qui riaient avec Dieu. Mieux, il riait avec eux.

Alors nous aussi rions, et vivons, notre vie est si courte. Avec un peu d’humilité et beaucoup d’amour, rendons la belle. L’humanité est déjà trop blessée pour que par dérision, narcissisme et méchanceté, on la laisse accepter cette guerre des fondamentalismes. C’est par le respect de tous, et nos consciences éveillées pour l’Humain, que nous gagnerons la paix. Celle des braves.

Notre France la mérite.

Virginie Tellenne (Frigide Barjot) 

Source :  Le Causeur

Lire son dernier ouvrage : L’Humain plus fort que le marché

Reproduit avec l’autorisation aimable de l’auteur


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