Tigré : L’évêque d’Adigrat alerte sur les conséquences du conflit en cours et dénonce une « guerre génocidaire »

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Dans une vidéo publiée par la chaîne locale Dimtsi Weyane Television sur YouTube le 24 novembre, Mgr Tesfaselassie Medhin, évêque d’Adigrat, dénonce une « guerre génocidaire » dans la région du Tigré. 

« Le peuple du Tigré lutte difficilement pour assurer le respect de ses droits » a affirmé l’évêque catholique d’Adigrat dans une « déclaration du diocèse catholique d’Adigrat sur la situation actuelle de l’impact de la guerre au Tigré » enregistrée par la chaîne locale Dimtsi Weyane Television et transmise à l’Agence Fides.

Dans cette déclaration, il pointe les graves conséquences de la guerre au Tigré sur la population locale et l’Eglise catholique. Il dénonce également une « guerre génocidaire ».

« Comme tous les Tigréens, l’Église catholique au Tigré est très affectée par cette guerre génocidaire menée par les armées locales et les armées étrangères invitées, avec des attaques physiques, psychologiques et spirituelles sur nos laïcs, nos prêtres, nos religieuses et nos structures tels que des lieux de louange, paroisses, écoles, centres de santé, et bureaux. »

Il souligne qu’alors que le peuple souffre « d’épidémies, de maladies chroniques et de nouvelles maladie », la réponse du gouvernement a été de s’engager dans un conflit armé qui « a privé le pays de tout, de l’aide humanitaire à la capacité d’accéder à tous les services de base, tels que les médicaments, l’électricité, le téléphone, Internet, les transports aériens et terrestres, etc. »

Après avoir rappelé l’opposition de l’Eglise catholique du Tigré à toutes ces atrocités, il lance un vibrant appel à l’international et à l’Eglise catholique éthiopienne pour qu’une enquête soit menée par « un organisme international indépendant » sur « tous les crimes » et « toutes les atrocités ».

« Nous demandons que toutes les atrocités et tous les crimes fassent l’objet d’une enquête par un organisme international indépendant, pour qu’il soit immédiatement mis fin aux bombardements de civils, au nettoyage ethnique, aux détentions de Tigrines et de membres d’église. Nous appelons l’Église catholique éthiopienne, située à Addis-Abeba et le reste des régions, de sortir de son silence et de demander justice contre les persécutions et les atrocités qui ont été infligées aux Tigréens, prêtres, religieuses, laïcs au service des fidèles dans les juridictions ecclésiastiques respectives ».

Evoquant ensuite le rapport conjoint de la Commission éthiopienne des droits de l’homme (EHRC) et du Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations unies publié le 3 novembre dernier, l’évêque estime qu’il est « incomplet et ne révèle pas la vérité ».

« Ils n’ont jamais visité les localités touchées, des lieux que nous connaissons, sans identifier ni rencontrer les victimes survivantes, et semblent méconnaître ces atrocités comme de véritables crimes de guerre et génocides. Au contraire, ce sont de véritables crimes confirmés non seulement par le victimes et le gouvernement du Tigré, mais reconnu et attesté par de nombreuses organisations et médias indépendants à travers le monde. Le rapport de la Commission éthiopienne des droits de l’homme et du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme est incomplet et ne révèle pas la vérité. »

En conclusion, Mgr Tesfaselassie Medhin a assuré la solidarité de l’Eglise catholique du Tigré avec « toutes les personnes qui souffrent dans toutes les régions d’Éthiopie et dans tous les pays ». « Que le Dieu de paix vous bénisse tous », a-t-il ajouté.

Camille Westphal Perrier

Crédit image : RudiErnst / Shutterstock.com

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