Témoignage : À Palu, la recherche de victimes de la « rivière de boue » est une épreuve interminable
Si l’Indonésie est majoritairement musulmane, la ville de Palu sur l’île de Sulawesi compte une proportion non négligeable de chrétiens. 17% seraient protestants selon le NY Times.
Et le journal fait le récit de ce qui pourrait bien être les dernières heures de la jeune chrétienne Windy Mantong, 17 ans, qui avait été sollicitée pour conduire le temps de prière du vendredi soir. Une première pour elle ! Windy était enthousiaste à cette idée. Elle s’y était préparée, et sa famille s’apprêtait à la rejoindre.
Aux alentours de 18h00, Mika, le père de Windy finissait de se préparer lorsque sa maison s’est soulevée sous l’impulsion du puissant séisme. Il n’y a pas eu de dégâts majeurs de son côté. Il n’était pas inquiet pour sa fille, mais après plusieurs tentatives infructueuses pour prendre de ses nouvelles par téléphone, Mika a finalement sauté sur sa moto. Arrivé à destination, il n’a pu que constater l’horreur et l’ampleur du désastre qui avait frappé le quartier de l’église.
Les fondations de l’église protestante Jono Oge ont été balayéesau moment où le sol est devenu boueux et fluide lors du tremblement de terre, glissant à plus d’un kilomètre jusqu’à une rizière.
« Comme une rivière », raconte Mika.
Plus d’une semaine après le drame, Windy demeure introuvable. Son nom ne figure pas parmi les 34 victimes identifiées.
Dans des dizaines de villages, les opérations d’identifications et de dénombrement des corps n’en finissent plus. On parle désormais de 5000 disparus qui s’ajouteraient aux 1400 victimes décédées.
Chaque jour Mika se lève tôt pour se frayer un chemin au milieu des poutres et des gravats, afin d’observer le ballet de pelleteuses qui ramassent l’épaisse boue à la recherche de corps.
Il a finalement dû annoncer la nouvelle à son épouse.
« Je ne pouvais pas retenir mes larmes. Je lui ai dit que je n’ai pas pu la trouver.”
Siska Sumilat a lui aussi perdu sa fille Gabriella, 17 ans. Celle que tout le monde appelait Gaby se préparait pour une nuit de prière lorsque le tremblement de terre a eu lieu. Depuis, elle est introuvable.
Siska s’est rendu à l’hôpital où les corps sont entreposés avant les enterrements de masse. Il a ouvert chaque sac mortuaire, puis les a ouverts une deuxième fois pour s’assurer que sa fille n’était pas parmi les morts.
Mika, Siska mais aussi Muis Pangalo ne se connaissaient pas avant la tragédie. Aujourd’hui, ils parcourent les décombres ensemble à la recherche de leurs filles disparues.
S’ils ne les retrouvent pas vivantes, ils espèrent découvrir leurs corps afin de leur offrir une sépulture et de débuter leur long et douloureux travail de deuil.
Pour venir en aide aux sinistrés de Palu, vous pouvez faire un don au fonds d’urgence humanitaire de Made In Compassion.
La rédaction
Cette image satellite révèle le drame de la liquéfaction du sol qui s’est produit à Palu au moment du séisme.
The earthquake and tsunami caused an immense damage in Palu, Indonesia. But few people have seen or really understand the process of liquefaction, here caught on satellite in a time lapse https://t.co/fCIONUK1rx pic.twitter.com/82cUyV6YnK
— Massimo (@Rainmaker1973) 6 octobre 2018