Syrie : le nouveau Premier ministre s'engage à respecter toutes les communautés

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Le Premier ministre chargé de la transition en Syrie a assuré mercredi que la coalition rebelle, menée par des islamistes radicaux, qui a chassé Bachar al-Assad du pouvoir garantirait les droits de toutes les communautés, appelant les millions d'exilés à rentrer au pays. 

Alors que des pays occidentaux s'inquiètent de la façon dont le nouveau pouvoir, dominé par le groupe islamiste sunnite radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), ancienne branche syrienne d'Al-Qaïda, va traiter les nombreuses minorités en Syrie, le Premier ministre, Mohammad al-Bachir, a voulu rassurer.  

"C'est précisément parce que nous sommes musulmans que nous garantirons les droits de tous (...) et de toutes les confessions en Syrie", a-t-il affirmé dans une interview au quotidien italien Corriere della Sera, au lendemain de sa nomination pour diriger un gouvernement transitoire jusqu'au 1er mars. 

HTS affirme avoir rompu avec le jihadisme mais il reste classé mouvement "terroriste" par plusieurs pays occidentaux, dont les Etats-Unis. 

M. Bachir a en outre appelé les Syriens exilés à rentrer chez eux pour "reconstruire" le pays, à majorité arabe sunnite, où cohabitent plusieurs communautés ethniques et confessionnelles.

Quelque six millions de Syriens, soit un quart de la population, ont fui le pays depuis 2011, quand la répression de manifestations pro-démocratie a déclenché une guerre dévastatrice qui a fait plus d'un demi-million de morts. 

Le parti Baas suspendu

Mercredi après-midi, des dizaines de personnes attendaient au poste-frontière turc d'Oncupinar, près de Gaziantep, pour entrer en Syrie, selon un correspondant de l'AFP. 

Un taxi a déposé des voyageurs, le toit chargé de sacs remplis d'effets personnels et d'un tapis roulé.

A Damas, où flotte désormais le drapeau de la révolution, la vie a repris son cours tout comme à Alep, deuxième ville du pays et première grande cité à être conquise par les rebelles, qui se sont emparés dimanche de la capitale après 11 jours d'une offensive fulgurante. 

"On commence à se sentir en sécurité. Ici, il n'y avait que des moukhabarat (les agents de renseignements) avant les événements" de ces derniers jours, raconte Ramadan Dali, un habitant d'Alep de 70 ans. "On ne pouvait rien dire". 

Signe qu'une page est définitivement tournée, le parti Baas, au pouvoir en Syrie pendant plus de 50 ans, a annoncé mercredi la suspension de ses activités.

L'aéroport international de Damas, fermé depuis dimanche, se prépare à rouvrir "dans les prochains jours", selon son directeur.

Pour de nombreux Syriens, la priorité reste la quête de proches disparus happés par des décennies de féroce répression. 

"Transition inclusive"

Venu de Deraa, dans le sud, Nabil Hariri examine dans un hôpital de la capitale des photos de cadavres, à la recherche de son frère, arrêté en 2014 à 13 ans à peine. "Quand on se noie, on s'accroche à n'importe quoi", dit cet homme de 39 ans. 

Depuis 2011, plus de 100.000 personnes ont péri dans les prisons syriennes, estimait en 2022 l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). 

Le secrétaire général des Nations unis, Antonio Guterres, a déclaré mercredi que l'ONU était "totalement engagée à soutenir une transition en douceur".

Cette transition doit être "inclusive" pour éviter une "nouvelle guerre civile", a souligné de son côté l'émissaire de l'ONU, Geir Pedersen.

Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, aura jeudi en Jordanie et vendredi en Turquie des entretiens sur la Syrie, au cours desquels il "réitérera le soutien des Etats-Unis à une transition inclusive (...) vers un gouvernement responsable et représentatif", selon le département d'Etat. 

Trêve sur le front kurde

Moscou, allié de Bachar al-Assad, qui s'est réfugié en Russie, a souhaité une situation "stabilisée le plus vite possible", affirmant être "en contact" avec les nouvelles autorités, notamment concernant l'avenir des deux bases militaires russes en Syrie. 

Alors qu'experts et capitales étrangères mettent en garde contre des combats entre différents groupes armés, des affrontements entre rebelles pro-turcs et forces pro-kurdes ont fait 218 morts en trois jours dans la région de Manbij, dans le nord de la Syrie, a indiqué mardi l'OSDH.

Le chef des Forces démocratiques syriennes (FDS, dominées par les Kurdes et soutenues par les Etats-Unis), qui contrôlent de vastes régions du nord-est de la Syrie, a annoncé mercredi une trêve via une médiation américaine avec les groupes pro-turcs.

Mardi soir, des rebelles avaient par ailleurs affirmé s'être emparés de la ville de Deir Ezzor, dans l'est du pays, qui était contrôlée par les forces kurdes, selon l'OSDH.  

De son côté, Israël affiche sa détermination à ne permettre "à aucune force hostile de s'établir à sa frontière" en Syrie, selon les mots de son Premier ministre, Benjamin Netanyahu.

L'armée israélienne a dit mardi avoir mené en 48 heures des centaines de frappes contre des sites militaires stratégiques à travers la Syrie voisine, disant vouloir "empêcher qu'ils ne tombent aux mains d'éléments terroristes".

Elle a à nouveau frappé dans la nuit de mercredi à jeudi des sites militaires de l'armée régulière dans les provinces côtières de Lattaquié et de Tartous, a affirmé l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Parallèlement, des drones turcs ont frappé des sites militaires gouvernementaux près de Qashmili, y compris aux abords de l'aéroport de cette ville du nord-est du pays située à la frontière turque et contrôlée par les forces kurdes.

Des experts de l'ONU ont affirmé mercredi que les frappes israéliennes en Syrie sont sans fondement au regard du droit international, affirmant que le désarmement "préventif" ouvre la porte au "chaos mondial".

Plusieurs pays comme la France, ainsi que l'ONU, ont appelé Israël à se retirer de la zone tampon à la lisière de la partie Golan occupée et annexé par Israël après une incursion israélienne effectuée dès la chute de Bachar al-Assad dimanche.

La Rédaction (avec AFP)

Crédit image : Shutterstock / Abdullah Tuncay (Alep)

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