
Hier, le 15 mars 2021 marquait les dix ans du début de la guerre en Syrie. Une guerre civile qui a couté la vie de centaines de milliers de personnes, a poussé des millions à l’exil et a eu un impact considérable sur les communautés chrétiennes du pays.
L’ONG Portes Ouvertes qui s’intéresse aux chrétiens victimes de persécution dans le monde a publié hier un communiqué qui dresse un bilan de la situation des chrétiens en Syrie après 10 ans de guerre.
Aujourd'hui cela fait 10 ans que la guerre a commencé en #Syrie. Beaucoup de chrétiens ont fui, d'autres sont restés pour être sel et lumière au milieu de cette longue nuit, comme Ibrahim. https://t.co/Y6mVWgYv20
— Portes Ouvertes (@portesouvertes) March 15, 2021
Le 15 mars 2011, dans le sillage du printemps arabe des manifestations pour protester contre le gouvernement en Syrie ont conduit à une guerre civile rappelle l’ONG qui indique qu’avant le début du conflit, « la population syrienne s’élevait à 23 millions d’habitants, dont 8% de chrétiens ».
10 ans plus tard, la population chrétienne est réduite de deux tiers, de 2 millions la minorité chrétienne est passée à 600 000 révèle Portes Ouvertes.
L’ONG rapporte également le témoignage d’Ibrahim un jeune homme âgé de 20 ans au début de la guerre, qui était fiancé et qui habitait Alep. « En l’espace d’une semaine, notre vie a basculé » raconte-t-il, « les gens sont partis en masse. Je n’étais pas du tout préparé à cela, pas plus que les églises de la ville. » ajoute le chrétien. Dix ans après le début du conflit, Ibrahim évoque des conditions de vie difficiles : électricité réduite à quelques heures par jour, de longues files d’attente pour se procurer des denrées essentielles, l’inflation...
Il évoque également la difficulté du vivre ensemble pour les chrétiens et les musulmans.
« La guerre a fait ressurgir les tensions refoulées entre chrétiens et musulmans. L’hostilité a grandit entre voisins. Dans certaines régions, comme à Raqqa, c’est la présence chrétienne dans son ensemble qui est en train de s’éteindre. »
Ibrahim révèle toutefois que ce contexte difficile permet aux églises d’avoir un impact plus important, car elles peuvent « jouer un rôle social de premier plan ».
« Soudain, elles ont pu jouer un rôle social de premier plan, en distribuant de la nourriture, des couvertures et des vêtements aux nécessiteux, en trouvant un logement ou en déplaçant les gens vers un endroit plus sûr. »
Le trentenaire pointe « les sanctions internationales » qui pèsent directement sur la population. « En l’état actuel des choses il faut déjà veiller à endiguer l’exil des personnes de ma génération. » affirme le chrétien qui malgré les difficultés a choisi de rester à Alep, convaincu que c’est là où est sa place « en tant que chrétien ».
« En tant que chrétien, je suis convaincu que ma place est à Alep, afin d’aider d’autres chrétiens à garder espoir. Le rôle de l’église est d’être sel et lumière au milieu de cette longue nuit. »
Camille Westphal Perrier