« J’aimais faire le bien. Ce n’était pas une gratification égocentrique, cela m’apportait plutôt une paix intérieure, cela me restituait le sens le plus vrai de l’humanité : vivre avec les autres et pour les autres. »
Il y a 8 ans, la prise de pouvoir de l’Etat Islamique avait contraint les chrétiens à fuir la plaine de Ninive. Ils étaient alors 1,5 million de chrétiens à vivre à Mossoul, Qaraqosh et d’autres villes de la plaine de Ninive.
Parmi eux, Sœur Ibtisam Habib Gorgis, une religieuse missionnaire franciscaine. Pour Vatican News, celle qui est née et a grandi à Qaraqosh, ville assyrienne dans le nord de l’Irak, revient sur son parcours de foi.
Sœur Ibtisam a étudié la biologie à l’université, où elle fréquentait un groupe d’étudiants chrétiens. “Nous vivions en paix”, affirme-t-elle.
Elle se souvient de son engagement auprès des plus pauvres.
« J’aimais faire le bien. Ce n’était pas une gratification égocentrique, cela m’apportait plutôt une paix intérieure, cela me restituait le sens le plus vrai de l’humanité : vivre avec les autres et pour les autres. »
Mais elle exprime alors son impression de ne pas encore avoir “trouvé de place où me réaliser pleinement”. Et ce, jusqu’à sa rencontre avec un frère franciscain, puis la visite de deux religieuses italiennes qui l’invitent dans leur couvent en Jordanie.
« J’étais désormais parvenue à ce qui, dans nos régions, est l’âge du mariage... Mais je voulais être libre », continue-t-elle.
La jeune fille se rend alors en Jordanie et découvre le mode de vie des religieuses, mais surtout « une paix intérieure croissante ».
« Le point de non-retour, cela peut sembler ridicule, fut quand on me coupa les cheveux; une vraie rupture avec la vie précédente. Mais, malgré toutes les difficultés à surmonter, je ressentais une paix intérieure croissante. Les changements de vie suscitent en général de l’inquiétude, de l’anxiété; ce changement, bien que si radical, suscitait en moi en revanche une grande paix. »
Après son noviciat en Italie, Soeur Ibtisam est allée à Bethléem, à Nazareth, puis trois ans à Bagdad.
Le 6 août 2014, elle était à Qaraqosh quand “Daesh (...) entré dans la région de Ninive”. Elle est restée “jusqu’à la fin” pour aider les personnes à fuir, et soutenir les déplacés, mais aussi parce qu’elle ne savait pas où aller.
Elle est ensuite partie en Israël, avant de revenir en Irak deux ans plus tard. Elle s’occupe désormais de 500 enfants dans une école maternelle à Qaraqosh.
M.C.