Au Soudan, Petr Jasek, chrétien tchèque investi dans l’aide médicale humanitaire est condamné à 23 ans et 6 mois de prison par le tribunal de Juba. Le pasteur Hassan Kodi Taour et l’étudiant Abdulmonem Addumawla, écopent de 12 ans d’emprisonnement.
Les soutiens de Petr Jasek se mobilisent pour le faire libérer. Pourtant, le dimanche 29 janvier, le tribunal de Juba a rendu sa sentence. Petr Jasek, Hassan Kodi Taour et Abdulmonem Addumawla, ont tous 3 été arrêtés en décembre 2015. Les différentes charges dont est accusé Petr Jasek vont d’espionnage, à « diffusion de fausses nouvelles visant à ternir l’image du Soudan ». L’avocat de la défense, Muhanad Nur a déclaré :
« Petr Jasek a été emprisonné à vie. »
Il se voit également condamné à verser 100 000 livres soudanaises (16 000 dollars) pour avoir travaillé pour une organisation non gouvernementale (ONG) au Soudan sans permis, et à un an de prison pour incitation à des conflits entre communautés, entrée illégale au Soudan et photographie de zones et équipements militaires.
Le tribunal de Juba a également condamné le même jour, le révérend Hassan Abdelrahim Tawor et l’étudiant Abdulmonem Abdumawla du Darfour, pour avoir aidé Jasek dans le présumé espionnage. Ils ont été condamnés à 10 ans pour des accusations d’espionnage et à deux ans de prison pour “incitation à la haine entre communautés” et “propagation de fausses nouvelles”. Les avocats de la défense ont prévu de déposer un appel.
Rappelons les faits, le pasteur Tawor de l’Église du Christ soudanais (SCOC) a été arrêté à son domicile le 18 décembre 2015. L’étudiant Abdumawla de son côté, a été arrêté en décembre 2015 après avoir commencé à recueillir de l’argent pour aider un ami, Ali Omer, qui avait besoin de traitement pour des brûlures subies lors d’une manifestation étudiante. Abdumawla a contacté le pasteur Tawor, qui a donné de l’argent pour le traitement d’Omer, faits qui ont soulevé l’irritation des autorités soudanaises. Ces dernières auraient découvert que Jasek avait également donné de l’argent pour les frais médicaux d’Omer, mais les procureurs ont accusé Jasek de le donner à des groupes rebelles et de “ternir l’image du Soudan” en fournissant des informations sur la persécution.
Joel Edwards, conseiller stratégique de Christian Solidarity Worldwide (CSW), a déclaré que les graves accusations portées contre les trois hommes étaient injustifiées et que les peines étaient excessives et infondées, étant donné la rareté des preuves à leur encontre. Il a déclaré dans une communiqué:
« M. Jasek, le révérend Abduraheem et M. Abdumawla ne sont pas des espions. Ils ont été simplement conduits par la compassion à la source de financement pour le traitement médical d’un homme dont les blessures sont si graves qu’il a besoin de soins médicaux continus (…) Nous demandons l’annulation du verdict et la libération immédiate de ces trois hommes. En outre, nous exhortons les autorités soudanaises à examiner de nouveau les pouvoirs étendus exercés par le NISS et à mettre fin au ciblage des minorités ethniques et religieuses.”
Le dernier classement de l’Index mondial de persécution, (2017 World Watch List), place le Soudan au cinquième rang sur l’index mondial de persécution, (rappelons que le Soudan se classe sans cesse dans les 20 premiers pays où les chrétiens sont le plus persécutés). Harcèlement, arrestations et persécution des chrétiens se sont intensifiés depuis la sécession du Sud-Soudan en juillet 2011. Depuis le génocide et les conflits qui entourent le Darfour, le Soudan ne cesse de se déchirer, et la situation y demeure imprévisible.
H.L.
Crédits Photos : Morning Star News et Flickr-CC/HazteOir.org