Soudan du Sud : L’ONU dénonce des « niveaux effroyables de violence » qui pourraient devenir « incontrôlables »

« Les femmes et les filles sud-soudanaises [...] sont soumises à des violations et abus horribles de toutes parts : les enlèvements, l’esclavage sexuel, le viol et la torture et les mariages forcés sont devenus la norme. »
La Commission des droits de l’homme au Soudan du Sud a publié vendredi un rapport sur la situation dans ce pays. Elle fait état de « niveaux effroyables de violence » pour la deuxième année consécutive. Selon les experts, ces niveaux pourraient même devenir « incontrôlables dans plusieurs régions du pays ».
Ce rapport dénonce une « intensification des attaques contre la population civile par des groupes armés et des milices organisées et mobilisées selon des critères ethniques, souvent avec le soutien des forces armées de l’État et de l’opposition ».
Si un accord de paix a permis de voir « une réduction des hostilités au niveau national », une « escalade massive de la violence » est visible au niveau local, et ce dans plus des trois-quarts du pays, comme dans l’État de Jonglei et dans la région du Grand Pibor.
La Commission fait état des pillages, des incendies systématiques et délibérés des habitations, des pillages et de la destruction de certaines organisations non gouvernementales internationales et nationales, des meurtres, des déplacements forcés, des enlèvements, des viols collectifs et d’asservissements sexuels des femmes et filles, voire des mariages forcés.
La présidente de la Commission, Yasmin Sooka, le déplore, « les femmes et les filles sud-soudanaises portent le poids du conflit ».
« [Elles] sont soumises à des violations et abus horribles de toutes parts : les enlèvements, l’esclavage sexuel, le viol et la torture et les mariages forcés sont devenus la norme. »
Dans le village de Gumuruk, une femme a déclaré à la Commission :
« Nos ravisseurs nous ont violées pendant dix jours consécutifs. Nous n’avons pas fait le ménage ou la cuisine pour eux. Ils nous ont juste utilisés comme ‘épouses’ pour avoir des relations sexuelles. »
Une autre, âgée, a assisté aux viols de ses belles-filles et a elle-même survécu à plusieurs viols et passages à tabac. Elle a déclaré à la Commission :
« Je suis fatiguée de tous les abus. Je suis vieille et je n’ai plus honte. J’en ai juste assez. »
Yasmin Sooka estime que « le grand nombre de combattants impliqués dans ces conflits localisés est choquant ». À Padoy, ce sont pas moins de 50 000 combattants qui ont lancé une attaque. Un homme a déclaré à la Commission, « les enfants ont tous des armes ». Elle ajoute que « la Commission a également documenté plusieurs récits de viols et de multiples incidents de viols collectifs perpétrés par l’armée nationale ».
M.C.
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