Soojal, un jeune chrétien pakistanais de 12 ans, a perdu sa mère, décédée de chagrin après le viol et le meurtre de son fils aîné par son employeur en 2019. Le jeune orphelin s’évertue à réussir à l’école, soutenu par les dons d’une organisation chrétienne.
Shareefa, une chrétienne, avait deux fils qu’elle élevait seule, son mari ayant quitté le foyer après avoir dépensé les revenus pour se droguer. Elle était femme de ménage et gagnait à peine de quoi nourrir sa famille. Conscient de la situation, son aîné, Badil, élève à l’United Presbyterian School à Karachi, avait pris sur lui de travailler dans une ferraille pendant les vacances pour ramener de l’argent à la maison alors qu’il n’avait que 10 ans. Un choix difficile à accepter pour sa mère :
"J’ai énormément travaillé sans compter mes heures simplement pour le bien de mes deux fils afin qu’ils n’aient pas à souffrir comme j’ai souffert sans éducation. Mon fils Badil ne supportait pas de me voir trimer et insistait pour travailler afin d’aider la famille, malgré mon insistance qu’il attende d’être plus âgé."
L’insupportable injustice pour un cœur de mère
Mais en juillet 2019, moins de 10 jours après avoir commencé à travailler, Badil a été violé et tué par son employeur et un ami de ce dernier. Le jeune garçon avait osé réclamer son salaire complet. La police a interpellé les coupables, mais ils ont été libérés sous caution et ont menacé ou suborné les témoins qui se sont rétractés. Ces derniers ont même dit à Shareefa qu’ils modifieraient leurs déclarations si elle continuait à demander justice.
L’ONG chrétienne British Asian Christians Association (BACA) a pris en charge les frais juridiques de la mère et a financièrement soutenu la famille le temps du procès. Cependant, menacée, Shareefa a choisi de rencontrer l’avocat des meurtriers sans en informer la BACA et a obtenu une indemnisation. Le crime et l’injustice ont profondément altéré la santé de Shareefa qui est morte de chagrin en novembre 2021. Soojal, surnommé Moon, a alors vécu chez différents oncles qui voulaient qu’il les aide financièrement, avant d’être retrouvé par la BACA qui a pu convaincre, Faysal, le dernier oncle chez qui il vivait, de le laisser aller à l’école.
La prise en charge de Soojal
Soojal n’avait jamais tenu de stylo et plusieurs écoles l’ont refusé avant qu’il ne soit accepté dans une classe où il a débuté avec trois ans de retard, mais a beaucoup travaillé pour récupérer une année, réussissant ses examens avec un score de 98 %, "un énorme bond en avant pour un élève qui ne pouvait même pas écrire son nom peu auparavant, souligne la BACA qui lui a fourni de nouveaux vêtements et des chaussures.
L’association veille également aux relations entre Moon et son oncle qui se sont améliorées depuis qu’elle a fourni une compensation à ce dernier pour élever l’enfant. Ce dernier ne veut plus que son neveu travaille et exprime sa gratitude à l’ONG :
"Je remercie tous ceux qui aident cet enfant à améliorer sa vie. J’ai toujours voulu faire quelque chose de bien pour lui, mais je n’en avais pas la possibilité financière."
Le comportement du garçon traumatisé a évolué, tant dans son attitude que dans son apparence et son hygiène, et il fréquente une église tous les dimanches. Reconnaissant, Soojal déclare :
"Je remercie tous les donateurs qui m’ont aidé, je me souviens de l’aide que la BACA a fourni à ma mère durant le procès pour le meurtre de Badil."
Au Pakistan, il arrive que des employeurs musulmans violent leurs employés issus des minorités quand ils réclament leur dû. En octobre dernier, une hindoue avait été battue par son employeur et violée le lendemain par lui et ses six complices dans sa propre maison devant sa famille ligotée.
Jean Sarpédon