Nous sommes dans une ère d’indiscipline, d’immédiateté, de rupture et de désengagement.
Aujourd’hui, tous les contrats contiennent les clauses de rupture.
Les engagements sont à durée limitée.
L’ordre et l’autorité sont mis à mal plus que jamais, et bon nombre d’enseignants se trouvent bien en peine de transmettre des savoirs tant leur mission est parasitée par des contraintes de discipline.
La discipline, le sens de l’engagement, ne sont plus à la mode.
La conséquence ?
Cette difficulté à tenir dans la durée, à répéter des routines, à rester engagé malgré les tempêtes et les difficultés, est de plus en plus appuyée.
L’invention de la télécommande dans les années 1980, puis l’arrivée du clic, puis des smartphones et du scrolling, a rapidement abimé nos capacités à conserver nos attentions fixées si la chose n’est pas immédiatement passionnante. La suppression du service militaire obligatoire, et plus généralement, l’amenuisement de tout ce qui était obligatoire ou indiscutable, a également participé à éloigner progressivement l’individu de la notion de discipline.
Et cette instabilité, cette exigence de satisfaction instantanée, s’est invitée dans bien d’autres domaines : la vie conjugale, la vie professionnelle, les relations amicales, …
Et aussi la vie spirituelle.
Persévérer dans la prière par exemple, est plus difficile aujourd’hui que pour la génération de nos grand-parents, car ceux-ci avaient appris à composer avec le temps long. Ils n’ont pas été élevés avec des distributeurs automatiques. Ils ont appris que, parfois, pour obtenir quelque chose, il fallait attendre, il fallait s’obstiner, il fallait recommencer le même geste, encore et encore.
Persévérer dans le culte, qu’il soit communautaire ou personnel, est une dimension de la vie de piété qui, en l’espace d’une décennie ou deux, et notamment depuis le confinement, est aisément remise en question.
La discipline, n’est-ce pas d’ailleurs le propre du disciple ?
Alors dans ce contexte, comment vivre une relation saine, entière et épanouie, avec Dieu ? Comment parvenir à ne pas nous laisser happer par mille et une autres occupations qui nous détournent de ce que nous savons être bon pour nous ?
Pascal Portoukalian