Selon l’historien Tom Holland, l’Occident a beaucoup à apprendre des chrétiens persécutés

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L’historien et écrivain Tom Holland était invité par l’organisation Open Doors UK le 17 novembre dernier à l’occasion d’une conférence. Lors de son intervention, il a notamment évoqué la manière dont il a été impacté par la souffrance des chrétiens persécutés. 

Tom Holland est un historien et écrivain britannique. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont « Dominion: How the Christian Revolution Remade the World » [Dominion : Comment la révolution chrétienne a refaçonné le monde » en français NDLR].

Mercredi 17 novembre il était invité à prendre la parole lors d’une conférence à la British Library intitulée « Perspectives » et organisée par Open Doors UK, organisation caritative qui soutient les chrétiens persécutés.

Dans son discours, repris par le média anglais Christian Today, le conférencier s’est attardé sur la manière dont il a été impacté après avoir visité le nord de l’Irak où il a assisté à des scènes de persécution contre les chrétiens et les yézidis par l’Etat islamique.

Tom Holland a affirmé que cette expérience « a fait revivre [en lui] toutes sortes d’enseignements chrétiens [et] les modes de vie chrétiens » qu’il n’avait auparavant « compris que dans l’abstrait ». Il a invité les chrétiens occidentaux à « penser aux chrétiens des pays au-delà de l’Occident » et « aux perspectives sur le christianisme qu’ils pourraient nous offrir ».

Il a ajouté que sa compréhension de la crucifixion a également été transformée après avoir visité des lieux ou des yézidis ont été crucifiés par l’Etat islamique.

La croix : un symbole du triomphe de la victime

Une révélation qui lui a fait apprécier d’une nouvelle manière « la réalité d’un monde dans lequel la croix sert de symbole du pouvoir des puissants de torturer, de tourmenter et de tuer les impuissants » quand instinctivement il pensait que « la croix servait le contraire ».

« La croix nous montre qu’en réalité c’est l’impuissant qui triomphe du puissant, c’est l’esclave qui triomphe du maître, c’est l’homme condamné à la croix qui triomphe de l’appareil d’État qui l’a condamné », a-t-il poursuivi.

Il rappelle ainsi que la croix est un symbole de la victoire du faible sur le fort.

« Nous devons nous mettre dans les sandales des Romains pour comprendre et apprécier à quel point il est incroyablement étrange qu’aujourd’hui la croix de toutes choses soit peut-être le symbole culturel le plus immédiatement reconnaissable qu’une culture humaine ait développé, et elle symbolise non pas la puissance mais au contraire, que la victime triomphera. »

L’historien a ensuite suggéré que l’Eglise actuelle devrait embrasser la souffrance, l’humiliation et « l’étrangeté » de la crucifixion telles qu’elles seraient apparues aux premiers croyants, estimant que nous y sommes « en quelque sorte culturellement insensibles ».

Héritage chrétien et droits de l’homme

« Je pense que les églises doivent revendiquer tout ce qui est le plus étrange, le plus contre-culturel, le plus particulier. Ne jetez pas tout ce qui concerne les anges. » a-t-il martelé. Une revendication spirituelle qui selon lui pourrait « aider à rétablir le lien entre l’héritage chrétien de l’Occident et son fort accent sur les droits de l’homme ».

« Ce que fait la montée de la Chine et d’autres puissances civilisationnelles, c’est nous rappeler que le concept des droits de l’homme est un concept qui a émergé dans une matrice culturelle très spécifique, qui est chrétienne, et que donc si vous voulez croire en l’humain droits, il faut y croire. »

Selon l’écrivain, « Il faut un acte de foi pour croire qu’il existe des choses appelées droits de l’homme, tout comme il faut un acte de foi pour croire que le Seigneur Jésus-Christ est ressuscité d’entre les morts ».

Tom Holland a ajouté que si les chrétiens parviennent à faire entendre au laïcs que « les croyances fondamentales qui sont fondamentales pour la façon dont les gens se définissent moralement sont enracinées dans la foi », cela ouvrira la possibilité pour les non croyants de reconnaître qu’ils ne sont pas « émancipés du besoin de foi ».

Enfin, revenant sur le sujet des chrétiens persécutés il a affirmé que leurs souffrances « peuvent aider, que vous soyez chrétien ou non chrétien » car « le spectacle de personnes prêtes à souffrir et peut-être à mourir pour leur foi » ranime selon lui, « le sens de cette étrangeté primordiale ».

Camille Westphal Perrier

Source : Christian Today


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