Communiqué de presse de Juristes pour l’Enfance.
La fermeture des frontières a révélé au monde la situation de dizaines (bientôt de centaines) d’enfants nés de GPA en Ukraine, réunis dans des pouponnières improvisées par les agences de GPA dont les clients sont empêchés de venir récupérer l’enfant commandé.
La situation cruelle de ces bébés fait ressortir l’urgence de légiférer de manière ferme pour proscrire définitivement ces trafics d’êtres humains qui violent les droits des enfants.
L’association Juristes pour l’enfance salue la déclaration du Commissaire aux droits de l’enfant du président ukrainien, Mykola Kuleba, en faveur d’une interdiction de la GPA en Ukraine.
Elle appelle une nouvelle fois la France à lancer l’initiative d’un moratoire international sur la GPA.
Pour l’heure, il convient de prendre soin des enfants qui sont en train de passer les premières semaines de leur vie à l’isolement.
Ces enfants ne sont pas nés seuls, car personne ne nait seul : ils sont nés d’une mère dont le contrat de GPA a organisé la disparition dès leur naissance. Même dans les cas où les commanditaires viennent réceptionner l’enfant, l’enfant est toujours séparé de sa mère de naissance, délibérément exposé au risque bien connu de la blessure d’abandon, un choc traumatique majeur qui, s’il est révélé par les circonstances présentes, existe dans toutes les GPA.
A cet abandon programmé, s’ajoute aujourd’hui l’absence de relations affectives sécurisées pendant de longues semaines.
La solitude et l’isolement des enfants sont la conséquence du contrat passé entre la mère porteuse, l’agence et ceux qui ont commandé ces enfants : c’est parce que l’enfant a été envisagé, avant même sa conception, comme une marchandise que l’on cède, qu’il subit aujourd’hui le sort des marchandises stockées dans des dépôts en attendant d’être récupérées.
En outre, si la fermeture des frontières révèle la situation choquante des enfants non réceptionnés, cette situation n’a en réalité rien d’exceptionnel et la GPA expose chaque fois l’enfant au risque que les commanditaires ne le récupèrent pas pour des raisons diverses (changement d’avis, séparation du couple, enfant handicapé, mort du commanditaire etc).
Des évêques ukrainiens ont demandé « l’interdiction de la maternité de substitution sous quelque forme que ce soit et la garantie d’une garde et d’une adoption adéquates des nouveau-nés».
L’Italie avait déjà fait ce choix de retirer au couple commanditaire l’enfant obtenu par GPA en Russie pour le confier à une famille d’accueil en vue de son adoption, et avait obtenu gain de cause devant la Grande chambre de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH, 27 janv. 2015, no 25358/12, Paradiso et Campanelli c/ Italie).
Certes, parmi les commanditaires étrangers, l’homme est le plus souvent le père biologique de l’enfant : confier l’enfant à l’adoption le priverait de son père biologique.
Pourtant, les contractants ne s’émeuvent guère de priver l’enfant de sa mère biologique, après avoir rendu la maternité obscure en dissociant celle-ci entre une donneuse d’ovocyte et une gestatrice. En réalité, il apparaît que le lien biologique n’a de valeur que dans la mesure où cela arrange les adultes.
L’extrême difficulté de dégager une situation juste pour ces enfants ukrainiens révèle l’impasse à laquelle conduit la GPA qui expose les enfants à ce genre de situation.
C’est pourquoi, Juristes pour l’enfance appelle de ses vœux :
- La fermeture immédiate de toutes les cliniques, agences et sociétés spécialisées dans le GPA, la saisie de leurs biens en vue de la création de fondations destinées à venir en aide aux enfants (orphelinats, organismes d’aide à des mères en détresse, organismes de parrainage d’enfants et de soutien aux familles).
- L’adoption d’une convention internationale prohibant la GPA
Source : Juristes pour l’Enfance