Royaume-Uni : des chefs religieux appellent le Premier ministre à modérer son discours sur l'immigration

Une trentaine de hauts responsables religieux britanniques ont exhorté vendredi Keir Starmer à adopter une "rhétorique plus compatissante" à l'égard des migrants, après un discours dans lequel le Premier ministre a pointé la menace que le Royaume-Uni devienne "une île d'étrangers".
"En tant que chefs religieux, nous vous écrivons pour vous demander de reconsidérer le langage utilisé par le gouvernement au sujet de l'immigration", ont indiqué une quinzaine d'évêques anglicans et des dirigeants chrétiens, musulmans et juifs dans une lettre adressée à M. Starmer, rendue publique vendredi.
"Notre crainte est que le discours actuel (...) ne fasse qu'accroître l'inquiétude du public et renforce la polarisation", ont souligné les signataires, dont l'imam Qari Asim, le rabbin Jonathan Wittenberg ou l'évêque de Londres Sarah Mullally, réclamant un "changement de ton".
Le chef du gouvernement travailliste a promis lundi de "reprendre enfin le contrôle" des frontières du Royaume-Uni, dévoilant dans un discours des mesures "radicales" pour réduire l'immigration légale au moment où l'extrême droite gagne du terrain dans le pays.
Le durcissement du ton employé par Keir Starmer a choqué jusque dans les rangs du Labour, et un sondage YouGov révèle vendredi que la moitié des électeurs travaillistes ont désormais une opinion négative du Premier ministre, moins d'un an après son élection.
"En évoquant les dommages +incalculables+ causés par une migration incontrôlée, vous risquez de nuire aux membres migrants de nos communautés et de renforcer ceux qui cherchent à nous diviser", déclarent les chefs religieux, plaidant pour une "rhétorique plus compatissante".
Nombre de ces migrants "ont construit un nouveau foyer et une nouvelle vie au Royaume-Uni, participant à notre histoire et à notre tissu national. Notre pays serait bien plus pauvre sans eux", ont-ils défendu.
La feuille de route présentée lundi prévoit de restreindre les conditions d'accès à la nationalité britannique ou d'empêcher le recrutement à l'étranger pour le secteur des soins aux personnes âgées.
"Des personnes sont venues au Royaume-Uni en accord avec les règles établies par les différents gouvernements, et engagent des frais (...) pour travailler, contribuer et payer des impôts", ont tenu à rappeler les leaders religieux.
"Nous sommes convaincus que les migrants apportent une contribution considérable au Royaume-Uni (...) mais le public s'attend à ce que les personnes qui arrivent ici apprennent la langue et s'intègrent", a répondu un porte-parole du Premier ministre, cité dans le Guardian.
La Rédaction (avec AFP)