Révélant être atteint de Parkinson, l'auteur chrétien Philip Yancey partage un bouleversant témoignage de foi
Ancien collaborateur de Christianity Today, l’écrivain américain Philip Yancey a choisi les colonnes du magazine pour révéler qu’il est atteint de la maladie de Parkinson. L’auteur chrétien publie un plaidoyer en faveur des personnes malades ou handicapées dans lequel il est aussi question de sa foi.
C’est un texte délicat et pudique qu’a rédigé Yancey, intitulé "Parkinson’s—The Gift I Didn’t Want" (Parkinson – Le cadeau dont je ne voulais pas). Un titre qui peut se lire comme un clin d’œil à celui de l’un de ses livres les plus connus, "The Jesus I Never Knew" ("Ce Jésus que je ne connaissais pas", Éditions Farel). L’auteur révèle sa maladie et la façon dont elle s’inscrit dans sa foi et ses relations aux autres.
D’emblée, Yancey rappelle l’histoire de son frère aîné, Marshall, "doté d’un QI hors normes et de dons musicaux surnaturels", dont la vie fut brisée par un accident vasculaire cérébral en 2009. Ce frère dans l’ombre duquel il avait grandi eut besoin d’un an pour réapprendre à marcher et davantage pour prononcer des phrases de quelques mots.
Cette épreuve a permis au cadet de comprendre les défis du handicap. Dans des lignes prédictives quant à son propre sort, il souligne les souffrances de ce frère soudainement ramené à la fragilité la plus visible :
"La vexation d’être incapable de faire émerger des mots. L’indignité d’avoir besoin d’aide pour des activités simples telles que prendre une douche et s’habiller. La paranoïa de penser que des amis prenaient des décisions à son insu."
Car il est question de la relation aux autres, dans la dépendance et dans leurs regards.
Désormais, l’écrivain connaît comme son frère l’impossibilité d’obtenir une réponse adéquate de ses membres. Alors qu’il skiait il y a un an dans le Colorado ses jambes n’ont pas obéi. Au fil des mois suivants, sa démarche et sa posture ont changé, son écriture est devenue négligée, mais son médecin lui a assuré qu’il ne pouvait s’agir de Parkinson. Quand son entourage a remarqué sa lenteur, il a su qu’il devait à nouveau consulter. Le verdict est tombé le mois dernier.
La prière contre la honte
Yancey, qui a vu les autres juger son frère selon son état physique, est tenté de dire : "Je suis resté la même personne à l'intérieur, alors, s'il vous plaît, ne me jugez pas en fonction de critères extérieurs comme la lenteur, les trébuchements et les tremblements occasionnels." L’auteur écrit qu’il ne veut pas laisser cette maladie le définir et mentionne le Psaume 71 :
"Éternel ! je cherche en toi mon refuge : que jamais je ne sois confondu !"
Relevant que le psalmiste a écrit ce vers dans des circonstances différentes des siennes, Yancey retient la prière de ne jamais être "couvert de honte" présente dans ce psaume : "Il y a une honte à voir des amis bien intentionnés réagir avec excès - certains peuvent vous traiter comme une antiquité fragile et achever vos phrases lorsque vous vous arrêtez une seconde pour réfléchir à un mot."
Après avoir écrit "Where Is God When It Hurts?" (Où est Dieu quand je souffre ?), Yancey avait reçu des lettres de remerciements de personnes marquées par la souffrance, dont certaines se demandaient si Dieu était injuste. Il avait répondu par le livre "Disappointment with God: Three Questions No One Asks Aloud" (Déçu par Dieu : trois questions que personne n’ose poser à haute voix) dans lequel il disait sa confiance en Dieu.
Alors qu’il imagine avec honte l’évolution des symptômes ("bave, trous de mémoire, troubles de l’élocution, mains tremblantes"), il se fie à la suite du psaume 71 : "Ne me rejette pas au temps de la vieillesse ; quand mes forces s'en vont, ne m'abandonne pas !" Une prière qui, selon lui, "exprime le plaidoyer silencieux de toutes les personnes handicapées".
Jean Sarpédon