Notre rétrospective de l’année 2021 continue avec aujourd’hui un focus sur le Myanmar.
Le 1er février, un coup d’Etat perpétré par l’armée a eu lieu au Myanmar contre le gouvernement démocratique d’Aung San Suu Kyi. Un coup d’Etat fermement condamné par l’Organisation des Nations Unies qui avait à l’époque réaffirmé son « soutien indéfectible au peuple du Myanmar dans sa quête de la démocratie, de la paix, des droits de l’homme et de l’état de droit ».
À la suite de cette prise de pouvoir, un Mouvement de désobéissance civile est né, des manifestations pacifiques qui ont été largement réprimées par l’armée et qui ont entrainé une vague de violence dans le pays, qui se poursuit encore à l’heure actuelle.
Au Myanmar, on recense 4,4 millions de chrétiens sur une population de 54,8 millions d’habitants selon l’ONG Portes Ouvertes qui classe le pays 18e dans on index annuel mondial des persécutions religieuses. Ce coup d’Etat avait suscité l’inquiétude des minorités, dont les chrétiens, qui craignaient la persécution.
Une crainte justifiée puisqu’un document découvert par Barnabas Fund en février, révélait que les soldats étaient encouragés à « punir et à détruire » les chrétiens issus des minorités ethniques ainsi que les autres civils opposés au régime militaire.
Pourtant, malgré les menaces et la multiplication des manifestations de violence de la junte militaire la population a continué de protester pacifiquement, bien décidée à rétablir la démocratie.
L’archevêque de Yangon, le cardinal Charles Maung Bo sdb qui est également président de la Conférence épiscopale du Myanmar, avait salué « l’incroyable courage, engagement et créativité » du peuple Birman. Il évoquait également la « ténacité » et la « résilience » des citoyens et en particuliers des jeunes qui continuent de protester malgré les répressions violentes de l’armée pour les faire taire.
Le 28 février, le pays a vécu une journée meurtrière. L’armée birmane a utilisé des balles réelles ainsi que des canons à eau, du gaz lacrymogène et des grenades assourdissantes contre les manifestants pro-démocratie. Ce weekend là on déplorait au moins 18 morts à travers le pays.
À cette occasion, une religieuse s’était illustrée par son courage. Sœur Ann Nu Thawng, de la Congrégation de Saint François Xavier, institut de droit diocésain de Myitkyina s’était interposée entre les forces de l’ordres et des manifestants. Elle les avait suppliés en larmes et à genoux de ne pas ouvrir le feu sur la population qui participait à un cortège pacifique permettant à une centaine de personnes de s’échapper.
Ces derniers mois, nous vous avons également rapportés que de nombreux lieux de cultes ont été ciblés par l’armée, notamment dans l’Etat de Chin, à majorité chrétienne.
Et, le 4 décembre dernier, la ville de Thantlang, au Myanmar, a été prise pour cible par l’armée birmane selon la Chin Human Right Org. Dix-neuf structures auraient été détruites. Parmi elles, l’église pentecôtiste.
Le 6 décembre, Aung San Suu Kyi a été condamnée à quatre ans de prison pour incitation aux troubles publics et violation des règles sanitaires liées au Covid. Cette peine, qui a suscité l’inquiétude de la communauté internationale, a été réduite à deux ans de prison quelques heures heures plus tard.
Après l’annonce de sa condamnation, des habitants de Rangoun sont descendus dans les rues pour protester. L’AFP rapporte que selon des analystes, l’armée birmane espère, avec l’emprisonnement de l’ex-dirigeante, étouffer définitivement son influence mais qu’une nouvelle résistance à la junte gagne du terrain.
Alors que dans plusieurs régions du pays, l’armée continue de cibler les civils et de détruire les habitations dont de nombreuses églises, des analystes ont révélés à l’AFP que des centaines de personnes se sont rendues dans des zones contrôlées par les rebelles pour s’entraîner au combat et riposter contre l’armée.
Affaire à suivre l’année prochaine !
Camille Westphal Perrier