Retrait annoncé de l’OTAN et des USA en Afghanistan : Témoignage d’un prêtre entre doutes et espoir

« Mais si les parties ne se parlent pas, comment former un gouvernement ensemble ? Il est beaucoup plus facile de faire parler les armes… »

Le 11 septembre prochain, vingt ans jour pour jour après l’attaque des tours jumelles du World Trade Center à New-York, les troupes américaines se retireront d’Afghanistan. De même pour les forces de l’OTAN dont le retrait est également annoncé pour septembre 2021. C’est dans ce contexte que l’Agence Sir a recueilli le témoignage de Giovanni Scalese, prêtre de la Missio sui iuris en Afghanistan, seule présence catholique de cette république islamique.

Le prêtre commence par évoquer ses doutes, qu’il juge « légitimes ».

« Premièrement, la sécurité. Le gouvernement afghan sera-t-il en mesure de la garantir ? Il est légitime d’avoir des doutes à cet égard. Tout comme il est plus que légitime de mettre en doute la capacité réelle du gouvernement à faire fonctionner l’appareil d’État sans pouvoir compter sur le soutien financier des pays occidentaux. »

Mais pour Giovanni Scalese, « le risque le plus grave » serait de replonger dans une guerre civile :

« Mais si les parties ne se parlent pas, comment former un gouvernement ensemble ? Il est beaucoup plus facile de faire parler les armes… »

Le religieux ne croit cependant pas à la réinstauration de « l’émirat islamique ».

« Ils pourront imposer une nouvelle Constitution. Après tout, la Constitution actuelle prévoit déjà une ‘République islamique’. Mais ils ne pourront pas prétendre annuler les libertés ou ignorer les droits auxquels les Afghans se sont habitués ces dernières années. N’oublions pas que les jeunes ne connaissent pas l’émirat et ont grandi dans cette nouvelle réalité. »

Face à ces risques, le prêtre souhaite opposer l’espoir des chrétiens.

« En tant que chrétiens, nous ne pouvons qu’espérer une évolution positive qui, après tant d’années de violence, donnera à ce pays un peu de sérénité. »

M.C.