RDC : Une « jeunesse volée » et le désespoir des millions de déplacés

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« De la République démocratique du Congo ne sont pas seulement exportés, sans même payer de taxes, les minerais. Maintenant, c’est sa jeunesse elle-même qui est volée. »

L‘agence Fides se fait l’écho du « désespoir » des jeunes qui tentent de fuir la violence du Congo (RDC). Selon le Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA), la RDC comptait en fin 2017, « la plus grande population déplacée d’Afrique avec plus de 4,49 millions de personnes déplacées internes, dont 2,7 millions d’enfants. » Au Nord-Kivu, la région alors la plus touchée, chaque heure, 27 familles sont déplacées.

Le père Rovelli raconte à Fides comment ces jeunes partent vers l’Ouganda ou le Burundi, dans l’espoir de rejoindre l’Europe, l’Amérique ou un autre pays d’Afrique, sans informer leur famille, en vendant tous leurs biens. il explique le désarroi dans lequel ils se retrouvent dans les camps de réfugiés.

« Nous avons appris qu’il existe des centaines de jeunes de Bukavu qui attendent depuis 10 ans de faux papiers pour pouvoir fuir. Souvent, ils remettent de fortes sommes à de prétendus médiateurs qui s’enfuient par la suite sans plus se faire voir. A ce point, les jeunes se sont placés dans une situation de non retour : ayant coupé tout lien avec leur famille et leur terre, ils ne peuvent revenir à Bukavu mais ne peuvent pas non plus continuer leur voyage. De sorte qu’ils vivent dans le désespoir. »

Selon l’OCHA, en RDC, 1 personne sur 5 a déjà été victime d’au moins un déplacement forcé dans les zones affectées. Sur les 4,49 millions de personnes déplacées internes, 3 millions fuient les affrontements et les attaques armées. Le Haut Commissariat des Nations-Unies dénonce dans son dernier rapport les violences sexuelles comme arme de guerre, les actes de torture et les exécutions extrajudiciaires qui entraînent « des mouvements importants des personnes déplacées ». Peter Salama, directeur exécutif du Programme de gestion des situations d’urgence sanitaire, parle de la situation humanitaire de cette région :

 » Ici, c’est le niveau de sécurité 4 pour l’ONU, l’un des plus élevés. Plus d’une centaine de groupes armés opèrent à l’intérieur et autour du Nord-Kivu, dont au moins vingt sont très actifs. »

1,44 millions fuient à cause des conflits inter-communautaires et fonciers : opposition entre agriculteurs et éleveurs, communautés rurales et entreprises minières, habitants des parcs nationaux et population des zones voisines... Le système judiciaire officiel se heurte aux autorités coutumières. Pour résoudre les conflits, les populations ont recours aux armes et aux actes de violences. International Crisis Group donne une explication à ces tensions :

« Les tensions sont exacerbées par le manque de développement socioéconomique, la mauvaise gestion des affaires foncières et la crise de la gouvernance locale due à la faiblesse de l’administration. Dans le système politique et administratif congolais, les chefs traditionnels jouent un rôle prépondérant au lieu d’être des pouvoirs subsidiaires. »

Pour le père Rovelli, on a volé la jeunesse de la RDC :

« De la République démocratique du Congo ne sont pas seulement exportés, sans même payer de taxes, les minerais. Maintenant, c’est sa jeunesse elle-même qui est volée. »

M.C.

Crédit image : Ellie Matsanova / Shutterstock.com


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