
Ces responsables chrétiens visitent régulièrement la Maison-Blanche, mais critiquent rarement, sinon jamais, le président.
Lorsque j’ai inventé l’expression "évangéliques de cour" durant la première administration Trump, je comparais ces chrétiens aux membres du clergé de cour de l’Europe de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance. Ces courtisans n’avaient qu’un seul objectif : obtenir l’accès au monarque et gagner ses faveurs. Comme je l’écrivais en 2020, l’accès à la cour apportait "privilèges et pouvoir, ainsi qu’une opportunité d’influencer le roi sur des sujets importants".
Les évangéliques de cour d’aujourd’hui veulent "une place à la table". Ils flattent le président Donald Trump. Ils le louent pour avoir nommé des juges pro-vie à la Cour suprême, pour avoir supprimé l’enseignement de la théorie critique de la race et d’autres initiatives liées à la diversité, l’équité et l’inclusion dans les écoles ou encore pour avoir protégé leur liberté religieuse contre les forces laïques qui, selon eux, cherchent à saper la nation chrétienne qu’ils tentent de protéger.
De nombreux chrétiens en Amérique partagent leurs préoccupations. Ils sont favorables à la famille, opposés à l’avortement à la demande, opposés à ce que des hommes biologiques participent aux sports féminins, et préoccupés par les persécutions religieuses dans le monde. Mais le témoignage politique de ces “évangéliques de cour” et des autres évangéliques pro-Trump est incomplet.
Les “évangéliques de cour” critiquent rarement, sinon jamais, Donald Trump. Ils croient que la Bible est la Parole de Dieu, mais semblent avoir oublié l’exemple du prophète Nathan qui, dans l’Ancien Testament, réprimanda David pour avoir commis l’adultère avec Bath-Shéba, comme relaté dans 2 Samuel 12.
Lorsque ces chrétiens entrent dans le Bureau ovale, ils délaissent leur tranchant prophétique pour pouvoir être sur la photo de groupe. Ils se comportent politiquement comme s’il n’existait aucun point de discorde entre les États-Unis d’Amérique et le royaume de Dieu.
Les “évangéliques de cour” sont restés largement silencieux lorsque les partisans de Trump ont organisé une insurrection au Capitole le 6 janvier 2021. Lorsque Trump a fait face à plusieurs chefs d’inculpation en 2024, ils ont affirmé que l’administration Biden menait une "chasse aux sorcières" pour empêcher le 45e président de devenir le 47e.
Au cours du second mandat de Trump, il est difficile de trouver un seul grand sujet politique — les réfugiés, la réduction de l’aide américaine à l’étranger, les expulsions, les coupes budgétaires d’Elon Musk pour améliorer l’efficacité de l’État, l’enseignement de la diversité raciale dans les écoles — sur lequel les “évangéliques de cour” s’opposent publiquement à Trump. Ils ont même trouvé un moyen de "baptiser" les taxes d’importation.
Les “évangéliques de cour” sont faciles à identifier. Il suffit de repérer les responsables évangéliques qui rendent régulièrement visite au président Trump : Greg Laurie, Eric Metaxas ou encore Paula White-Cain, pour n’en nommer que quelques-uns.
Le dernier rassemblement de ces “évangéliques de cour” a eu lieu le mercredi de la Semaine sainte. Trump a invité des évangéliques à la Maison-Blanche pour un dîner de Pâques. Christianity Today s’en est fait l’écho. Franklin Graham a apporté un message de Pâques et la chorale étudiante de la Liberty University - affiliée aux baptistes du Sud - a interprétéplusieurs chants.
Certains d’entre eux se sont ensuite réunis dans la salle Roosevelt de la Maison-Blanche et ont chanté la version anglaise de "Dieu tout-puissant". Selon les témoignages, ils ont rendu gloire à Dieu. Et bien sûr, il y a eu des photos — beaucoup de photos.
En avril, des évangéliques pro-Trump sont également venus à la Maison-Blanche pour en apprendre davantage sur le Bureau de la foi dirigé par Paula White-Cain, et sur la manière dont le gouvernement pourrait lutter contre l’antisémitisme et les préjugés antichrétiens aux États-Unis.
Sean Feucht, un leader de louange itinérant et ancien candidat au Congrès, a conduit le groupe dans des chants de louange. "1600 Pennsylvania Avenue” - l’adresse de la Maison-Blanche - “est devenu aujourd’hui une maison de prière", a-t-il déclaré.
Feucht a même pris le temps de poser pour une photo de lui marchant au milieu de la route en direction du Capitole, portant son étui de guitare et vêtu d’une veste noire. Il a publié la photo avec une référence au Psaume 33.12 : "Heureuse la nation dont l’Éternel est le Dieu."
Le même jour, le groupe de travail de la procureure générale Pam Bondi, chargé d’éradiquer les préjugés antichrétiens, s’est réuni pour mettre en œuvre le décret exécutif 14202 de Donald Trump. Le président a émis ce décret pour corriger ce qu’il considère comme des atteintes à la liberté religieuse sous l’administration Biden.
Parmi les témoins entendus lors de l’audience figurait Scott Hicks, le doyen de Liberty University, qui a affirmé que le Département de l’Éducation des États-Unis avait ciblé son institution de manière injuste.
Alors que les évangéliques de la cour prenaient le dîner pascal, adoraient à la Maison-Blanche et exprimaient leurs griefs sur les préjugés antichrétiens, d’autres évangéliques aux États-Unis et dans le monde sauvaient des vies avec des vaccins, défendaient les chrétiens en Ukraine, se montraient solidaires avec ceux qui souffrent, et attiraient l’attention sur les personnes déplacées à l’échelle mondiale.
John Fea
Un article de Christianity Today. Traduit avec autorisation. Retrouvez tous les articles en français de Christianity Today.