Quand le Carême cartonne chez les jeunes : pourquoi cette tradition chrétienne séduit la génération TikTok

Quand le Carême cartonne chez les jeunes pourquoi cette tradition chrétienne séduit la génération TikTok

Sur TikTok, impossible d’y échapper. Depuis plusieurs semaines, les vidéos autour du Carême se multiplient : routines spirituelles, jeûne version bien-être, témoignages sur les efforts du quotidien ou encore réflexions sincères sur la foi. À tel point que cette année, cette tradition chrétienne de 40 jours semble avoir conquis une nouvelle génération

Dès le début du Carême, nous avions observé que le sujet occupait une grande place sur TikTok. Mais le phénomène semble prendre de l'ampleur ces derniers jours et de nombreux médias généralistes se sont emparés du sujet.  Le Parisien, France 3, Huffington Post, Harper’s Bazaar... Même Quotidien sur TMC y a consacré un dossier le 28 mars, preuve que le sujet dépasse désormais les cercles religieux.

Dans le reportage de Quotidien on apprend qu'en France, seuls 36 % des 18-24 ans affirment croire en Dieu, ce qui en fait la tranche d’âge la moins croyante du pays. Et pourtant, sur les réseaux sociaux, le Carême fait définitivement fureur. Les vidéos titrées "POV : tu fais le Carême et tu dis un gros mot" ou "Ma routine Carême pour réduire au max le maquillage" cumulent des millions de vues sur TikTok.

Un phénomène étonnant, mais pas si superficiel. Pour le père Benoît Pouzin, du diocèse de Valence, interrogé par le Huffington Post, cette popularité est bien réelle : "D’habitude, on a une centaine de personnes pour le mercredi des Cendres. Cette année, on en avait 500, beaucoup de jeunes qui n’avaient jamais mis les pieds dans une église." Même constat à Cannes, Fréjus ou encore dans les paroisses d’Île-de-France.

Détox spirituelle ou foi profonde ?

Alors, effet de mode ou retour sincère du spirituel ? Les vidéos montrent des jeunes en quête de sens, mais aussi de rigueur. Certains demandent : faut-il prendre des douches froides ? Est-ce qu’on peut encore dire des gros mots ? Cette quête de règles précises étonne même les prêtres. Le père Pouzin s’amuse : "Normalement, c’est une période redoutée. Là, les jeunes disent : 'Moi, je veux vivre un vrai Carême.'"

La sociologue interrogée par le HuffPost parle d’une "revirtuo-isation" : une recherche de dépassement de soi à travers des pratiques qui rappellent la détox ou les défis bien-être. Le Carême devient alors un défi personnel, parfois performatif, mais pas forcément déconnecté d’un fond spirituel.

Des figures comme Sœur Albertine sur Instagram ou le frère Paul-Adrien sur YouTube participent à cette "mainstreamisation" du discours chrétien. Sœur Albertine, interrogée dans Quotidien, insiste : cette tendance "n’est pas un simple effet de mode", elle révèle selon elle une transformation de fond.

D’ailleurs, certains jeunes n’ont aucun passé religieux, et ce retour vers le Carême est le fruit de décisions personnelles mûries, comme le souligne le père Barbey à France 3. Pour la catéchiste Isabelle Isnard, "les jeunes ont besoin de vrais défis. Peut-être cherchent-ils à se raccrocher à quelque chose qui leur permet de grandir."

Un regain d'intérêt qui semble témoigner d'une quête d’authenticité ainsi que de la puissance prescriptive de TikTok. Ce réseau, parfois critiqué pour ses effets néfastes, devient ici le terrain d’une forme de spiritualité décomplexée.

Alors, phénomène passager ou véritable renaissance spirituelle ? C'est la question que se posent tous ces médias. L’avenir nous le dira. Ce qui est certain, c’est que derrière ces vidéos et ces croix de cendres, se cachent une véritable quête de sens, d’engagement, et peut-être, de foi.

Camille Westphal Perrier

Crédit image : Shutterstock / vetre

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