Les chrétiens pakistanais, qui ne représentent que 1,3% de la population, sont isolés socialement et politiquement dans un pays qui leur est hostile. Victimes de la propagande islamique, ils subissent au quotidien une pression insoutenable. Qu’en est-il dans les médias ?
Les observateurs du Bureau de la démocratie, des droits de l’Homme et du travail des Etats-Unis notent, dans un rapport, que les reportages sur les minorités, retransmis dans les médias font échos à des « préjugés ». Ils dénoncent un « langage provocateur » et des « références aux minorités inappropriées ».
Les observateurs notent cependant également une meilleure couverture, dans les médias en anglais, des situations vécues par les minorités. Les journalistes qui font ce choix doivent alors faire face à leur tour à la persécution. Parler avec bienveillance des minorités, est un risque que certains journalistes payent de leur vie. Rana Tanweer, journaliste, a échappé de justesse à une tentative d’assassinat. Le propriétaire de sa maison s’est vu lui aussi menacé :
« Qadiani, le partisan de Rana Tanweer, est un infidèle qui mérite la mort. »
Les rapports internationaux font échos de « disparitions, de meurtres et d’intimidation de journalistes ». Les Nations Unies appellent le gouvernement pakistanais à « traduire les auteurs en justice et redoubler d’efforts pour créer un cadre sûr et propice au travail des journalistes ».
Des médias chrétiens, comme Isaac Télévision, profitent de la possibilité laissée par le gouvernement d’exprimer librement sa foi en Jésus. Isaac Télévision, première chaîne de télévision par satellite chrétienne basée au Pakistan, diffuse des contenus en continu. Elle compte des milliards de téléspectateurs dans le monde.
Le web n’est pas épargné par le contrôle exercé par le gouvernement. L’emprise des lois sur le blasphème s’étend jusque sur le net.
Les observateurs des USA notent que suite à l’appellation par le gouvernement du blasphème comme « péché impardonnable », les autorités ont ordonné « d’appréhender et poursuivre en justice ceux qui ont posté en ligne du contenu blasphématoire. » Dans la suite, 152 pages facebook ont été bloquées. Une lourde menace pèse sur les chrétiens et le gouvernement veille à ce que chacun en soit conscient :
« 10 millions de personnes ont reçu un message de l’Autorité pakistanaise de télécommunication, les avertissant que le téléchargement ou le partage de contenu blasphématoire sur les réseaux sociaux était un délit punissable par la loi. »
Yassef Latif Hamdani, avocat pakistanais, alertait :
« Tout peut être blasphème, c’est très large. Je ne pense pas qu’on puisse se défendre contre de telles allégations. »
Owais Aslam Ali, secrétaire général de la Fondation Pakistanaise de la Presse, parle du contrôle exercé sur les médias comme « des souvenirs du temps de la dictature ».
Des bloggers sont enlevés, torturés, d’autres contraints à l’exil dans l’espoir de protéger leurs familles. En septembre 2017, un jeune chrétien, Nadeem Masih, accusé d’avoir envoyé des messages « diffamant le prophète Mohammed », avait été condamné à mort.
Le Pakistan compte 35 millions d’utilisateurs internet. 1 million de plus chaque mois. La Commission des Etats-Unis sur la liberté religieuse internationale, s’inquiète de la hausse probable importante des cas de « blasphèmes digitaux ».
Un espoir nait peut-être avec le lancement en 2017 d’un projet pilote, par le Ministre du Pendjab pour les droits de l’Homme et les affaires des minorités. Mené avec le soutien du gouvernement néerlandais, ce projet cherche à promouvoir l’harmonie religieuse, la tolérance et la paix.
La rédaction
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