Prières, dîners, voyages : un pasteur raconte ses efforts pour courtiser la Cour suprême des Etats-Unis qui dément ces accusations
Un ancien militant de la droite religieuse a expliqué jeudi au Congrès comment il avait profité de l’absence de code éthique à la Cour suprême des Etats-Unis pour mener une intense campagne de lobbying auprès de ses juges conservateurs.
Prières, dîners, voyages... le pasteur Robert Schenck a détaillé ses efforts lors d’une audition de la commission judiciaire de la Chambre des représentants consacrée aux questions éthiques entourant la haute juridiction.
Contrairement à leurs collègues des tribunaux fédéraux, ou aux élus du Congrès, les neuf juges de la Cour suprême ne doivent pas divulguer les cadeaux qui leur sont faits, les lobbyistes qu’ils rencontrent et ne sont pas obligés de se récuser en cas de conflit d’intérêt.
Le pasteur Schenck, qui a assuré avoir découvert sur le tard que la politique corrompait la religion et vouloir désormais dire « la vérité », a raconté avoir profité de ce vide pour animer, pendant 20 ans, une campagne d’influence baptisée « Opération haute cour ».
Elle « impliquait le recrutement de riches donateurs qui se liaient d’amitié avec les juges ayant la même sensibilité », a-t-il expliqué, en citant notamment les juges Samuel Alito ou feu Antonin Scalia.
Le but était de « renforcer leur volonté de rendre des arrêts solides, décomplexés, particulièrement sur l’avortement ».
Certains de ses donateurs, surnommés « missionnaires furtifs », priaient avec les juges, d’autres les ont invités à dîner avec leur épouse, voire en vacances à leur domicile, et ont été invités en retour, a-t-il poursuivi.
Contrairement au Congrès, où le montant des cadeaux est limité par exemple, « nous savions qu’il y avait plus de latitude à la Cour suprême, cela a facilité notre campagne », a-t-il dit.
En 2014, lors d’un de ces dîners, le juge Alito avait révélé à un couple la teneur d’une décision à venir sur la contraception, a déclaré le pasteur Schenck, qui avait déjà fait état de cette « fuite » dans un courrier adressé au chef de la Cour.
Les intéressés ont tous démenti et, pendant l’audition, les élus républicains ont accusé le témoin d’être un « menteur ».
Le juge Alito est l’auteur de l’arrêt qui, en juin, a dynamité le droit à l’avortement aux Etats-Unis et qui, lui aussi, avait fait l’objet d’une fuite avant sa publication, suscitant une onde de choc dans le pays.
Ces événements ont relancé les efforts pour augmenter la transparence au sein de la Cour et une proposition de loi a été adoptée en commission à la Chambre, mais elle devrait être abandonnée par la majorité républicaine, qui prendra ses fonctions en janvier.
La Rédaction (avec AFP)