Présence Protestante (France 2) : un nouvel épisode de "Ma Foi" sur le thème de l'éveil des sens

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Chaque mois, dans Ma Foi… David Sautel et Damien Boyer rencontrent celles et ceux qui ont choisi de suivre Jésus Christ de façon parfois… très surprenante. Découvrez un nouvel épisode sur l'éveil des sens avec Florence Boyer, productrice, responsable scout et maman.

"Sentez et voyez combien l'Éternel est bon ! Heureux l'homme qui cherche en lui son refuge ! Psaume 34."

Dans ce verset du Psaume trente-quatre, le psalmiste, le roi David, commence par "sentez et voyez". Ailleurs dans d’autres passages, nous lisons : "Écoutez". Et en Luc, chapitre 24, verset 39, Jésus ressuscité, dit aux disciples : "touchez et voyez".

Lorsqu’on lit un peu plus loin, on se rend compte que, dans la plupart de ces passages, le psalmiste, les prophètes ou Jésus lui-même s’adressent à ceux qu’ils nomment les "enfants d’Israël". Les "enfants d’Israël", c’est-à-dire (j’ose un raccourci) : vous, moi, le peuple qui souhaite suivre les commandements de Dieu.

En résumé, à nous tous, Dieu dit : sentez, écoutez, voyez, touchez, goûtez, maintenez vos sens en éveil, faites de l’Éternel vos délices et vous serez heureux. Vous sentirez, vous entendrez, vous verrez, vous toucherez, vous goûterez, vous aurez ma vie en partage et en abondance.

Flash-back : Le protestantisme n’est pas vraiment réputé pour son encouragement chaleureux des sens. C’est même plutôt l’inverse. Les iconoclastes que nous fûmes n’aimaient pas les images, et les plus radicaux trouvent encore que l’art - affûteur des sens - est une perte de temps, et fuient cet univers d’indécente volupté des sens.

D’ailleurs, lorsque quelque artiste d’Origine Protestante Certifiée avance dans son œuvre, cette tension entre les sens et la foi est si forte qu’elle devient très souvent le sujet de sa thèse. Du plaisir coupable des Fraises sauvages au Festin de Babette, en passant par le pays des merveilles d’Alice, la tension entre désir et culpabilité n’en finit pas de nous envoyer rôtir. Volupté, volupté, quel péché !

Pourtant, chassez le naturel et il revient au galop, généralement sous les traits d’un pur-sang blanc et sauvage crinière au vent, sur la plage… Dès Luther ou Zwingli, le goût, les saveurs et les papilles n’ont en réalité jamais fait débat. Ce plaisir pourtant si charnel n’a, à ma connaissance, jamais été renié par quelque courant protestant que ce soit.

Autre sens dans ce panorama : l’ouïe. Si les protestants sont apparemment (apparemment seulement), loin, très loin des ors des cathédrales gothiques, les longues heures de Bach, du Gospel ou des nappes de Béthel Church les ont, depuis belle lurette, réconciliés avec l’ouïe. L’ouïe serait donc le second des sens kasher.

Reste parmi les cartes des cinq sens, l’odorat, la vision et le toucher.

L’odorat a sans doute une place à part dans nos sens. Il en a une en tout cas pour moi. Je l’associe volontiers à l’enfance, au souvenir du gâteau à la crème qui finit de cuire, au Tonic bleu de Simone Malher, aux jacinthes des vacances de Pâques, au papier que l'on brûle en un peu trop grande quantité dans l’âtre. Le parfum, peut-être le plus voluptueux des sens, est à part. Il est sauvé par les souvenirs qu’il convoque… et peut-être aussi par sa vocation de "sens de l’alerte". Sentir, c’est percevoir le danger avant de le voir, c’est l’odeur du musc qui vous enjoint à fuir avant que la bête ne vous dévore. Il y a quelque chose de profond, d’ancestrale dans le parfum, des résurgences d’un passé enfoui si loin qu’on ne l’a jamais verbalisé.

Enfin, reste la vision et le toucher. Comment ne pas voir aujourd’hui, dans l’explosion des danses et des images issues des nouveaux mondes protestants, un retour vers ces sources-là, les ressources de nos sens essenCiel ?

On applaudit, on danse, on bouge en rythme. Le graphisme, le design, la vidéo, l’image sont entrés dans les mondes protestants. Les corps, longtemps laissés aux vestiaires, investissent dorénavant les cultes et les lieux d’expression chrétienne.

L’analyse, disons… méprisante (oui, oui) de ma Mamie qui disait, lorsqu’elle parlait des corps agités lors de quelques cultes : "Ils / elles se trémoussent" ; ou, lorsqu’elle évoquait les rythmiques des groupes de louange : "C’est quoi ce tam-tam 1 , ce n’est que du bruit", cette analyse-là n’est plus suffisante. Les vagues, les tsunamis d’adhésions à ces nouvelles expressions cultuelles nous disent autre chose.

Je crois, mais cela n’engage que moi, que la ligne est fine entre l’éveil des sens et une façon charismatique de vivre sa foi. Je le confesse sans ombrage ni regret, si j’étais moins ce fichu français cartésien, frileux et pudique, peut-être me laisserai-je aussi saisir par la vision et par l’huile ; sans doute accepterais-je que cet/te inconnue me recouvre, me pénètre, me traverse et me secoue. Je suis bien trop made in France et selfconscious, trop éduqué et surtout trop éveillé à ce que les autres vont penser de moi pour lâcher prise, mais n’empêche, cela me fascine.

Une émission diffusée le dimanche 4 mai sur Présence Protestante (France 2) dès à présent disponible sur YouTube en replay. Vous pouvez également suivre Présence Protestante sur Facebook pour suivre leurs actualités.

Christophe Zimmerlin pour Présence Protestante


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